1346: Edouard III en route vers Crécy et Calais

Année 1346: le roi Edouard III traverse la Normandie, en route vers la bataille de Crécy et le siège de Calais.

L’été de cette année-là, les Anglais débarquent en Normandie: c’est la première grande campagne de la guerre dite de Cent ans. Le roi Edouard III, cousin germain des trois derniers rois de France, veut faire valoir ses droits à la Couronne, droits contestés par les juristes français qui ont remis en vigueur la loi salique, qui empêche l’héritage par les femmes.


Première partie de la campagne de Normandie: rentabiliser la guerre par le pillage:

En 1346, l’armée anglaise, recrutée à grands frais, est prête, grâce à l’aide financière des banquiers lombards. Le plan d’Edouard III est de débarquer en Normandie, de piller cette riche province pour rentrer dans ses frais, puis de marcher sur Paris. Son adversaire, le roi Philippe VI de Valois, se trouvera pris en tenaille grâce à l’aide des troupes flamandes, alliées d’Edouard.

Parti de sa base de l’île de Wight, Edouard débarque le 12 Juillet 1346 à Saint-Vaast-La-Hougue avec son armée de 20 000 hommes. Les bagages les plus précieux sont des caisses et barriques contenant plus d’un million de flèches. Les plus mystérieux sont de gros tubes de fer transportés avec la discrétion d’une arme secrète. Les quelques milliers d’hommes envoyés par le roi de France pour garder le port sont débordés.

Pendant les cinq jours qui suivent, Edouard organise son armée en trois corps de bataille, ce qui lui donne un front de route de plus de trente kilomètres; ainsi pourra-t-il mieux « butiner » le pays. La flotte reçoit l’ordre de suivre par la côte, afin de récupérer le fruit du pillage au fur et à mesure de la progression.

Ainsi donc, dans les jours qui suivent, les villes de Valognes, Carentan, Saint-Lô sont pillées et brûlées…

Après quelques étapes, l’armée arrive sur un gros morceau, en l’occurrence la capitale de la Normandie, Caen. La ville possède un grand château, mais ses fortifications sont peu importantes, la Normandie étant en paix depuis trois siècles. Une armée de secours a été envoyée de Paris pour renforcer les milices communales. Les autorités de la ville, malgré les conseils de prudence des chefs du contingent du roi de France, décident d’affronter l’armée anglaise à l’extérieur. De son côté, Edouard III a fait mettre son ost en ordre de combat.

Effrayés, les défenseurs prennent la fuite et les Anglais entrent dans la ville à leur suite. Il se produit alors un très violent combat de rue sous les yeux de ceux de la garnison qui ont pu trouver refuge dans le château, inaccessible aux Anglais.

Ceux-ci occupent la ville pendant cinq jours, pillant de fond en comble et prenant du repos, car il y a eu blessés et morts. Le butin du pillage de la Normandie, ainsi que les prisonniers de marque soumis à rançon, sont alors évacués vers le port de Ouitreham et la flotte part pour l’Angleterre. La guerre est rentabilisée financièrement, il faut la gagner militairement; pour Edouard III, les choses sérieuses commencent.


Deuxième partie de la campagne en Normandie et échec de la marche sur Paris:

L’armée anglaise reprend donc sa marche vers la Seine, qu’elle doit longer. Elle trouve les ponts rompus, pour protéger la rive droite. Edouard III n’attaque pas Rouen, bien fortifiée et dont la garnison a été renforcée. En revanche, tout ce qui peut-être pillé est mis à sac: Louviers, Pacy-sur-Eure, Vernon, Dreux, Mantes, Epône. A Poissy, il s’installe dans la vaste abbaye existant alors et fait savoir par ses hérauts au roi de France, qui rassemble son ost à Saint-Denis, qu’il est prêt à l’affronter en bataille rangée, celle-ci faisant office, selon les conventions de l’époque, de jugement de Dieu.

Cependant, les deux rois hésitent à s’affronter: Edouard apprend de mauvaises nouvelles de ses alliés flamands et prend conscience de l’importance de l’armée française. Philippe VI craint pour la ville de Paris, dont le rempart, mal entretenu, est devenu trop petit.

Finalement, Edouard III décide de faire retraite. Il envoie ses colonnes mobiles brûler et piller les villages de l’Ouest parisien, jusqu’à Saint-Cloud et Boulogne, et force le passage de la Seine à Poissy. Ainsi l’armée anglaise prend la route du nord, pillant la moitié du Beauvaisis; Philippe VI, voyant que Paris n’est plus menacé, la talonne à deux jours de marche.






Je m’arrête ici, car mon projet était simplement de raconter le passage de l’armée anglaise en Normandie. La campagne d’Edouard III se poursuivra avec la bataille de Crécy (26 Août 1346), remportée par les Anglais, et le siège de Calais (avec l’épisode des bourgeois). La ville servira de tête de pont pour les invasions anglaises pendant toute la suite de la guerre.



J’ai trouvé ces renseignements dans un article paru dans « Histoire médiévale » en Novembre 2002.