Les grandes Romances : Abélard & Héloïse

Tout le monde connait l'histoire de Tristant et Iseut. Cependant le Moyen Age regorge d'histoires d'amours plus ou moins similaires.

Voici la premiere :

Héloïse et Abélard

Tout le monde connaît l’histoire d’Héloïse et Abélard ; du moins, tout le monde pense la connaître. Voici donc cette aventure telle qu’elle est rapportée par les historiens du XIXe siècle et, à leur suite, par certains de nos contemporains.
Issu de la petite noblesse bretonne, Pierre Abélard, né en 1079, préfère les études à la carrière des armes et, abandonnant ses prérogatives d’aîné, devient l’élève du maître en théologie Guillaume de Champeaux à Paris. Il fonde sa propre école de pensée, basée sur la logique aristotélicienne et son enseignement, qui annonce déjà celui de saint Thomas d’Aquin, provoque un engouement immense dans le milieu universitaire.
En 1118, déjà chanoine de Notre-Dame de Paris, Abélard, qui n’a pas encore été ordonné prêtre, s’éprend de sa jeune élève, Héloïse, nièce d’un autre chanoine, Fulbert.
Les deux amants prennent la fuite et se marient dans la clandestinité. Ils ne peuvent cependant pas échapper à la colère de Fulbert qui fait émasculer Abélard. Ce dernier prend alors l’habit monacal à Saint-Denis et Héloïse entre au couvent du Paraclet.
Voilà donc une aventure qui ressemble sur bien des points à celle de Tristan et Iseult : amour impossible, contrecarré par un homme de pouvoir et qui finit tragiquement. Fort bien, mais c’est oublier le rôle d’Abélard ainsi que celui d’Héloïse, pauvre fille menée dans un couvent après avoir « fautée ».
Rappelé par ses élèves, Abélard va reprendre son enseignement et s’opposera à saint Bernard en tentant d’accommoder la raison avec la Révélation. Condamné pour la seconde fois par les tribunaux ecclésiastiques, il se réfugiera auprès de son ami Pierre le Vénérable, abbé de Cluny et, réconcilié avec la papauté, s’installera finalement au prieuré clunisien de Saint-Marcel où il mourra, en avril 1142.
Quant à Héloïse, qui, lorsqu’elle rencontre Abélard, elle a déjà acquis une solide culture classique -philosophie et littérature-, elle va entretenir une correspondance –célèbre- avec son ancien amant. Mais bien plus à une discussion théologique ou philosophie qu’à un entretien amoureux que l’on assiste. C’est d’ailleurs elle qui demandera à Abélard de rédiger un programme d’éducation -comprenant le grec, l’hébreu, le latin- afin de développer, chez les religieuses de son couvent, une meilleure compréhension de l’Écriture.

http://www.historia-nostra.com/index.php?option=com_content&task=view&id=423&Itemid=50

Je peux intervenir sur le sujet, maintenant que j'en connais un peu plus, après avoir lu les Lettres.

Au niveau de leur histoire, à ce que j'ai compris, ils ne se sont pas enfuis. Héloïse est partie en Bretagne chez la soeur d'Abélard pour donner naissance à leur fils, Astralabe (oui, c'est dur... ).
Abélard a ensuite proposé le mariage à l'oncle Fulbert pour le calmer, et Héloïse s'y est fortement opposée (ils s'exposent aux dangers et au déshonneur ; c'est une honte pr eux 2, une perte pour la philosophie, pour l'Eglise et pour le monde ; la vie conjugale est incompatible avec la vie d'un philosophe. Héloïse préfère être sa maîtresse, le mariage est vu comme une contrainte).
Ils se marient finalement, mais c'est en voulant protéger Héloïse de son oncle qu'il lui conseille de se réfugier au couvent d'Argenteuil. Croyant qu'il veut se débarrasser d'elle, l'oncle Fulbert et d'autres traîtres s'introduisent chez Abélard une nuit et le châtrent. Il se réfugie lui aussi à l'abbaye de Saint-Denis et c'est ainsi que commencent leurs deux carrières monastiques.
Le Paraclet n'est fondé que plus tard, par Abélard lui-même. Et c'est en raison de ce que les moniales lui doivent qu'Héloïse lui réclame des règles de vie (après s'être fait jeter en quelque sorte, lorsqu'elle lui écrit clairement qu'elle n'est au couvent que parce qu'il lui a demandé, sans véritable sentiment religieux, et qu'elle pense toujours aussi intensément à lui...)
Un superbe passage que je ne peux résister de vous citer :



Des mystères persistent sur la correspondance, à savoir si les lettres ont vraiment été écrites par les deux amants, par l'un des deux seulement, ou encore par une tierce personne... Mais il semble qu'elles datent réellement du deuxième quart du XIIIe siècle, ce qui se rapproche de la date de décès d'Héloïse.


Si cela intéresse des forumeurs, je pourrais compléter ce sujet avec d'autres "grandes romances", même si elles seront fictives, car c'est le sujet d'un de mes cours ce semestre

Morgana a écrit:

Si cela intéresse des forumeurs, je pourrais compléter ce sujet avec d'autres "grandes romances", même si elles seront fictives, car c'est le sujet d'un de mes cours ce semestre

Ca serait vraiment adorable de ta part..

C'est tellement rooomantique tout ca... j'adore le romantisme un peu sombre ...

oui mais alors s'ils s'étaient bel et bien marié, ils pouvaient quand meme suivre une "vocation" (pas pour héloise) religieuse? Ou bien cela annulait leur mariage?
peuvre héloise tout de meme...
moi aussi je suis d'accord pour d'autres grandes romances, si mesdames morgana et rana veulent bien se permettre...

Fée Viviane a écrit:

oui mais alors s'ils s'étaient bel et bien marié, ils pouvaient quand meme suivre une "vocation" (pas pour héloise) religieuse? ...

Apparemment oui, Héloïse est même citée comme une des plus grandes abbesses de son temps... Elle est connue dès son époque pour son intelligence et sa sagesse. A la mort d'Abélard, l'abbé de Cluny Pierre le Vénérable fait transporter en secret le corps de celui-ci au Paraclet où il avait demandé à être enterré, l'absous ("Moi, Pierre, abbé de Cluny, qui ai reçu Pierre Abélard comme moine de Cluny et qui ai concédé son corps , transporté en secret, à Héloïse, abbesse du Paraclet et aux religieuses de ce monastère, par l'autorité de Dieu Tout-puissant et de tous les saints, je l'absous d'office de tous ses péchés.") et écrit à Héloïse dans la première de quelques lettres : (il commence par louer Héloïse et regrette qu'elle ne fasse pas partie du monastère de Cluny) "Toutefois, si la providence divine, dispensatrice de toutes choses, nous a refusé les fruits de ta présence, elle nous a du moins accordé celle de l'homme qui t'appartient, de cet homme célèbre qu'il faut toujours et avec respect appeler le serviteur et le véritable philosophe du Christ, de Maître Pierre (Abélard). Cette même divine providence a bien voulu nous l'envoyer à Cluny dans les dernières années de sa vie et nous pouvons dire qu'en sa personne elle nous a fait un don mille fois plus précieux que l'or et les perles."
Bref, tout ça pour dire qu'il le nomme bien "l'homme qui t'appartient", et donc que le mariage n'a pas l'air annulé.

Pour un aperçu : http://www.pierre-abelard.com/text-lettre1-pierre-ven-heloise.htm

D'apres Martin Blais, philosophe de l'université de Laval, il semblerait que Abélard et Héloise ne se soit pas mariés. Car cela aurait apporté le déshonneur sur le philosophe Abélard bien que Abélard eut le désir de se marier avec Héloise, celle ci a toujours refusé et préférait être une concubine plutot qu'une épouse mal vu.

je posterais d'ici peu, une version atypique de l'histoire de Abélard et Héloise. c'est une version de Martin Blais ^^

je posterais également une nouvelle romance, celle de l'histoire de Mélusine

Moi cette histoire me met mal à l'aise. Vu la différence d'âge ça me fait penser à "détournement de mineure par personne ayant autorité"
Bien sûr, c'est débile, car vraiment à l'époque on n'avait pas cette mentalité. Mais malgré la beauté de cet attachement, il y a toujours en moi un coin de mon esprit qui n'adhère pas...

Ca m'a fait pareil quand j'ai lu "le docteur mystérieux" d'Alexandre Dumas, l'impression que l'amour est réel, mais n'a pas eu l'occasion de ne pas exister, ou exister autrement, puisque de toute façon, la jeune fille ne connaissait absolument rien d'autre. Enfin, je ne sais pas si j'arrive à m'exprimer clairement.

Il est difficile de donner avec précision les dates de vie d'Héloïse, mais selon les études les plus récentes (je me réfère à mon livre : collection "Lettres Gothiques" du Livre de Poche pour ceux et celles qui voudraient vérifier, qui est paru en 2007, les études citées en introduction par Jean-Yves Tilliette sont moins récentes), il semblerait que la diférence entre Abélard et Héloïse n'était pas si grande qu'on se l'imagine. Moi aussi au début, j'avais un peu de mal avec ça, mais il faut comprendre, comme tu l'as dit, l'esprit de l'époque.
Et puis, si l'on sort du Moyen-Age, aujourd'hui encore, n'y a-t-il pas des couples dont les deux personnes ont une grande différence d'âge ?

SDE a écrit:

Moi cette histoire me met mal à l'aise. Vu la différence d'âge ça me fait penser à "détournement de mineure par personne ayant autorité"
Bien sûr, c'est débile, car vraiment à l'époque on n'avait pas cette mentalité. Mais malgré la beauté de cet attachement, il y a toujours en moi un coin de mon esprit qui n'adhère pas...

Ca m'a fait pareil quand j'ai lu "le docteur mystérieux" d'Alexandre Dumas, l'impression que l'amour est réel, mais n'a pas eu l'occasion de ne pas exister, ou exister autrement, puisque de toute façon, la jeune fille ne connaissait absolument rien d'autre. Enfin, je ne sais pas si j'arrive à m'exprimer clairement.

Merci d'éviter les hors sujets... surtout que le détournement de mineur par personne ayant autorité ne colle pas comme définition à l'histoire d'Abélard et Héloïse pour plusieurs raison :

1 - à l'époque 13 ans était un âge courant pour s emarier pour les femmes et que les garçon étaient considérés comme adulte dès 16 ans... la vie était plus courte..autre temps, autre moeurs..

2 - cette infraction n'existe pas au sens du code pénal
3 - détournement de mineur pas personne ayant autorité.. ça voudrait dire que c'est le père ou le tuteur qui fait le détournement (antinomisme)
4 - le détournement s'attache à un objet materiel ou fiduciaire et pas à une personne

Il faut savoir que la majorité sexuelle est à partir de 15 ans.
Pur les mineurs de 15 ans :
-si la relaton sexuelle est contrainte c'est du viol sur personne mineur de 15 ans
- si elle ne l'est pas on se réfèrera à l'article 227-25 du Code pénal 5 de prison 75.000 € d'amende...

bref ces précisions apportées j'arrête là car je tombe aussi dans le piège du hors sujet...et vous demande de recentrer sur la l'histoire d'Abélard et Héloïse au sens propre...
Merci...