Malgré sa haute naissance, Gilles de Rais n’est pas entré dans l’histoire par la grande porte. Accusé de crimes d’enfants, jugé et brûlé, son nom est resté synonyme d’horreur et de sadisme.
Gilles de Laval, baron de Rais (ou Retz), est l’une des plus infâmes figures de l’histoire de France. Pourtant, sa naissance et ses débuts l’avaient destinés aux plus hautes carrières.
Qui était Gilles de Rais ?
Né en 1404, Gilles de Rais est l’héritier d’une fortune qu’il va multiplier grâce à des héritages et à son mariage.
Baron de Bretagne, de moyenne noblesse, Gilles de Rais s’est distingué dans la carrière des armes surtout en 1429 au côté de Jeanne d’Arc. Il prendra avec elle Orléans le 7 mai 1429. A l’âge de 25 ans, il est fait maréchal de France.Gilles de Rais posséda pendant un temps la plus grosse fortune d’Europe, qui disparut peu à peu, dilapidée dans des projets insensés.
La déconfiture commença dès 1429. La guerre avait occasionné d’immenses dépenses. On sait qu’il pratiqua le brigandage mais cela resta insuffisant.Il commença alors à vendre des propriétés. En 1433, il ne lui restait plus aucune terre à part celles de sa femme en Poitou et deux châteaux en Anjou.
Deux sujets occupaient l’esprit de cet homme et lui coûtaient beaucoup d’argent Le premier sujet était sa propre chapelle, la chapelle des Saint-Innocents. Cette chapelle, d’après ses proches, contenait un luxe incroyable digne d’un roi de France.Pour cette chapelle, il sélectionnait les enfants de chœur les plus séduisants, parmi lesquels André Buchet et un nommé Rossignol, qu’il compromit sexuellement, et qui, par la suite, se retrouvèrent impliqués dans ses crimes.
Son autre projet était la représentation d’un mystère dans lequel un personnage représentait de Rais lui-même. La pièce, le Mystère du siège d’Orléans, était colossale, avec près de 650 rôles et de nombreux décors. Le coût de ces représentations était astronomique.
La recherche d’argent commença à obséder Gilles de Rais. Il en fut réduit à vendre ses biens privés. Inquiets, les membres de sa famille, réagirent. En 1435, un édit du roi interdisait à quiconque de commercer avec lui.
Désespéré, il se tourna alors vers l’alchimie. Il fit venir d’Italie Franco Prelati, un jeune clerc, qui se révéla être un parfait illusionniste.
Cependant, il fut capable de convaincre Gilles de Rais qu’il était capable de fabriquer de l’or.
Après avoir vendu ses fiefs et seigneuries, il essaye de les reprendre par la force. C’est précisément en essayant de récupérer par les armes un de ses châteaux, cédé à un religieux, qu’il s’aliène le duc de Bretagne et l’évêque de Nantes.
Ces hommes puissants causeront sa perte. En effet, en 1440, une enquête officielle est menée sur les affaires de Rais. Parmi les personnes interrogées se trouvent les parents des enfants disparus. Des rumeurs circulaient déjà depuis longtemps et son nom était mêlé à des enlèvements d’enfants.
Les procès de Gilles de Rais
Le 15 septembre 1440, Gilles de Rais est arrêté et emmené à Nantes avec ses plus fidèles serviteurs.
Trois jours après, s’ouvrent ses deux procès.
Il comparait devant la justice civile, rendue par le duc et le parlement de Bretagne, et devant la justice ecclésiastique, représenté par l’évêque de Nantes.
Les deux procès, dont les séances sont publiques, se tiennent au même moment, mais dans des lieux différents et en alternance. Ils ont chacun leurs juges, leurs enquêteurs et leurs notaires.
Le tribunal séculier reproche au prévenu sa félonie, c’est-à-dire le refus d’obéir au duc de Bretagne, son suzerain, dans la prise du château, et des assassinats d’enfants.
De son côté, le tribunal ecclésiastique juge Gilles de Rais pour hérésie, sorcellerie avec évocation des démons, viol de l’immunité de l’Eglise lors de l’enlèvement du malheureux clerc entré en possession de l’un de ses châteaux, et enfin pour sodomie.
C’est à ce dernier titre que l’évêque s’intéresse aux crimes d’enfants qui sont pour le reste du ressort de la justice civile.
Les crimes de Gilles de Rais
Les rumeurs courant sur Gilles de Rais ont alarmé l’Eglise bien avant l’arrestation du coupable. Lorsque survient le procès, une enquête est en cours.
Aussi, de nombreux témoins sont déjà identifiés dont les parents des enfants disparus. Dans leurs dépositions, deux serviteurs de Gilles de Rais confirment les enlèvements. Ils avouent qu’ils pourvoyaient leur maître et qu’ils participaient même à l’assassinat des enfants. La simple menace de la torture suffit à faire passer le prévenu aux aveux. Il confesse qu’il a commis ses premiers crimes sexuels en 1432, année de la mort du chef de sa famille.
Ce n’est que bien des années plus tard, qu’il a associé les crimes d’enfants à l’évocation des démons. Obsédé par l’argent, il demandait à ses victimes de lui révéler le secret de la fabrication de l’or.
Il apporta à plusieurs reprises à Prelati des mains, des cœurs ou du sang des victimes pour que celui-ci fasse des évocations aux démons.
La confession de Gilles de Rais est particulièrement horrible. Tous ces agissements, ceux d’un pervers et d’un psychopathe, sont minutieusement décrits dans les actes des procès. Les juges ne purent établir le nombre exact des victimes. Le procès ecclésiastique en mentionne 140 et le procès civil plus de 200.
La condamnation de Gilles de Rais
Les deux tribunaux prononcent leur sentence le 25 octobre 1440. « Hérétique, relaps, sortilège, sodomite, évocateur des malins esprits, divinateur, égorgeur d’innocents, apostolat, idolâtre, ayant dévié de la foi, hostile à celle-ci, devin et sorcier » : c’est ainsi que l’article 45 de l’acte d’accusation du procès ecclésiastique définit Gilles de Rais.
Gilles de Rais est condamné, avec ses deux complices, à être pendu et à avoir son cadavre brûlé.
Il est également excommunié pour hérésie. Son « repentir » qui vient après les accusations lui vaut d’être réintégré au sein de l’Eglise, puis d’être enlevé du bûcher et enterré avec les honneurs dus à son rang.
es deux complices furent brûlés. Prelati fut condamné à la prison à vie mais s’échappa. Il fut cependant pendu plus tard pour d’autres crimes.
Tout au long du procès, Gilles de Rais a démenti que les meurtres aient été perpétrés en vue de cérémonies de magie noire ou de sorcellerie.
On ne voit pas pourquoi il aurait menti car ses aveux suffisaient largement à le condamner à mort.
Cet homme, destiné aux plus hautes carrières, n’était en fait qu’un vulgaire sadique, un monstre comme nos sociétés en font naître sans que l’on puisse y trouver une quelconque justification.
C’est sans doute cette absence de motif qui nous fait si peur.
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