Blanche de Castille (suite)
Blanche mettra au monde douze enfants dont deux jumeaux qui mourront en bas-âge, quatre autres mourront en adolescence et cinq seulement atteindront l'âge adulte.
Charles, le dernier-né sera l'enfant gâté, tandis que le dauphin Louis sera élevé sévèrement et préparé à ses futures fonctions.
Le 14 juillet 1223 décès de Philippe Auguste, Louis doit déjà intervenir au sud de la Loire. Puis c'est l'expédition dans le midi avec l'annexion de Béziers, de Nîmes et de Carcassonne à la couronne royale. Mais une dysenterie décime l'armée, le 8 novembre 1226 le roi est atteint par la maladie. Au bout de cinq jours Louis VIII décédera à son tour à Montpensier. Son règne n'aura pas duré quarante mois ... Les messes et les processions imposées dans Paris par la pieuse souveraine n'auront eut aucun effet pour protéger la vie de son époux bien-aimé.
Louis IX né en 1214 n'a que onze ans et c'est sa mère Blanche de Castille qui assurera la régence, même s'il fut déclaré : Roi de France dès la mort de son père.
Six mois à peine après la mort de son époux la Régente doit faire face au soulèvement de Pierre 1er Mauclerc - duc de Bretagne qui avait été excommunié en 1217, et s'était allié au comte de La Marche (Province du Centre de la France). Surpris par l'audacieuse avance de la Régente, les deux seigneurs signèrent le traité de Vendôme. C'est également Blanche qui assura la Régence de France durant la 7è croisade (1250) et qui s'occupa de rassembler l'énorme rançon pour la libération de son fils.
Après avoir dû faire face à une révolte de pastoureaux, la reine épuisée, âgée de 64 ans s'éteindra le 27 Novembre 1252 tandis que son fils attendra encore deux années en Syrie ou en Palestine avant de rentrer en France jusqu'au versement intégral de sa rançon conformément à sa parole donnée aux musulmans.
Le XIIIème siècle a particulièrement connu cette catégorie d'artistes ambulants que l'on a appelé les ménestrels. Ils ont même constitué, à un moment donné, une véritable corporation.
L'un d'eux est resté relativement célèbre parce qu'il composait des chroniques rimées : on le connaît sous le nom de Ménestrel de Reims. Il fréquentait les châteaux où il obtenait un appréciable succès. Il pourrait s'agir de Bertrand de Reims qui brilla dans sa jeunesse avant de devenir plus tard un aventurier. C'est lui qui intéressa ses auditeurs par le récit d'un geste impudique de la reine Blanche de Castille analogue à celui de Phryné dans l'Antiquité. Phryné échappe á la condamnation. On sait ou l'on va savoir que Phryné était cette courtisane grecque du IVème siècle avant J.-C., maîtresse du sculpteur Praxitéle à qui elle servit de modèle pour ses statues d'Aphrodite. Elle jouait remarquablement de la flûte. Elle devint à Athènes une hétaïre à la mode, si bien qu'elle fut accusée de grave impiété et traduite devant le tribunal des héliastes, en majeure partie des vieillards.
Au moment où elle allait être condamnée, et d'accord avec son défenseur, l'orateur Hypéricle, elle souleva ses voiles et s'offrit nue aux regards des juges qui admirèrent sa beauté, furent désarmés et ne la condamnèrent pas.
Quant à Blanche de Castille, elle est une grande figure de l'Histoire de France, où elle a laissé le souvenir de ses grandes qualités, mais aussi de ses défauts.
Restée veuve en 1226 du roi Louis VIII alors que son fils Louis IX n'avait que douze ans, elle prit la régence du royaume. Elle se montra femme de gouvernement et son rôle politique fut important et habile. Elle fit face à un soulèvement féodal qui mettait la monarchie en danger, eut raison des complots et parvint à pacifier la France et à la garder solide.
Par contre, elle exerça sur son fils Louis IX une influence, et lui imposa une surveillance et même un joug qui faisaient le désespoir de la jeune Marguerite de Provence, sa belle-fille.
Ainsi que le dit Mathieu-Pâris, si Blanche de Castille était fortement reine, elle était aussi femme.
Il est vrai que ce chroniqueur, moine de Saint-Alban, auteur de 1'"Historia Major" n'était pas tendre pour elle car il ne l'aimait pas.
Au cours de sa régence, il fut raconté sur elle de bien vilaine histoires. Elle était soupçonnée d'avoir été la maîtresse du comte Thibaut de Champagne qui soupirait d'amour pour elle et on avait jusqu'à dire que le roi Louis VIII avait été empoisonné par le comte en accord avec elle.
On racontait aussi qu'elle avait donné ses faveurs au légat du pape, le cardinal de Saint-Ange, ce qui valut aux clercs parisiens qui propageaient la nouvelle d'être chassés de l'université par la reine.
On disait aussi qu'elle avait subi l'hérédité des excès de ses parents espagnols dont les mœurs étaient dissolues. Sa réputation commençait à devenir douteuse, d'autant plus qu'elle avait contre elle l'évêque de Beauvais qui prétendait qu'elle était enceinte.
C'est alors, comme le racontait le Ménestrel de Reims à son auditoire, qu'il vint à la reine l'idée de tenter un grand coup, au moment d'un geste qui était, à l'époque, extraordinairement impudique, surtout pour une reine, de manière à faire taire les vilenies de l'évêque de Beauvais et de bien d'autres grands vassaux.
Elle décida de se présentée au parlement où siégeait notamment cet évêque. Elle s'y rendit simplement couverte d'un manteau et, arrivée dans la salle des séances, elle ordonna le silence et l'attention. Elle monta sur une table et cria à l'évêque, en substance : " Regardez-moi bien et dites vraiment si je suis enceinte d'enfant ? "
Elle fit alors tomber son manteau sur ses pieds et se tourna, toute nue, en tous sens, sous les regards ahuris des assistants, afin qu'ils puissent bien se rendre compte qu'elle n'était pas dans un état de grossesse. Alors, tous se précipitèrent vers elle avec un immense respect, lui remirent son manteau et la reconduisirent dans son appartement.
C'est en raison de cette scène osée que les langues se turent en ce qui concernait la reine Blanche, et c'est en toute sérénité qu'elle assuma par la suite une nouvelle fois la charge du gouvernement en 1248 lorsque son fils le roi Louis IX partit en croisade en terre sainte.
Née à Palencia, en Castille, elle est la fille d'Alphonse VIII de Castille et d'Aliénor d'Angleterre, elle-même descendante d'Henri II Plantagenêt et d'Aliénor d'Aquitaine.
Son mariage, célébré le 23 mai 1200, avec Louis VIII, fils de Philippe II Auguste, est décidé lors de la signature du traité de Goulet entre le roi de France et Jean sans Terre
Le 6 août 1223, elle est sacrée et couronnée à Reims avec son époux, le nouveau roi, Louis VIII. A la mort de celui-ci en 1226 et alors que l'héritier du trône, leur fils, futur Saint-Louis, n'a que douze ans, elle prend la régence du royaume jusqu'à la majorité de l'héritier.
Jouant le rôle de gardienne du royaume avec énergie et austérité, elle s'appuie pour régenter le royaume sur les administrateurs de Philippe II Auguste et sur le légat du Pape, Romano Frangipani, cardinal de Saint-Ange, qui deviendra son plus proche conseiller.
Dès le début de son "intérim" elle doit faire face à l'hostilité des grands féodaux qui s'opposent à un gouvernement féminin. Soutenue par Pierre Mauclerc, Duc de Bretagne, et Henri III d'Angleterre, elle parvient à remporter une première révolte qui se conclut par la signature du traité de Vendôme. Elle affrontera en 1228-1229 une deuxième coalition.
Elle réprime également la révolte des albigeois en Languedoc, en prenant part au traité de Meaux Paris en 1229 et, la même année, grâce à sa victoire sur Raymond IV, comte de Toulouse, impose une alliance entre son fils, Alphonse II, et Jeanne, l'héritière du comté, accroissant ainsi son prestige.
Abandonnant progressivement le pouvoir à son fils, qui ne gouvernera effectivement qu'à partir de 1242, elle reprendra le royaume que lui confiera son fils lors de son départ en Terre Sainte pour la septième croisade en 1248.
Elle mourut en 1252, ce qui provoqua le retour de Louis IX de Croisade, à l'abbaye de Maubuisson qu'elle avait fondée.
http://mboullic.club.fr/histo_blanche_casti.htm#Etre%20reine