Anne de Bretagne
Née à Nantes en 1477, elle est formée dès son plus jeune âge aux affaires de l'état. A la mort de son père François II Duc de Bretagne, elle n'a que douze ans mais déjà les prétendants affluent. C'est l'Archiduc Maximilien de Habsbourg, le futur Empereur, qui l'épouse par procuration.Cette union mécontente Charles VIII, déjà lié par un mariage blanc avec Marguerite d'Autriche, fille de Maximilien, d'autant plus que la France se retrouverait cernée à l'Est et à l'Ouest par une telle alliance. Il envoie ses troupes contre la Bretagne et soumet la plupart des villes bretonnes, puis il assiège Rennes ou s'est réfugiée Anne. Le peuple supplie la Duchesse de rompre avec Maximilien et de consentir à l'union avec Charles VIII, roi des français. Elle rencontre le Roi, de cette rencontre naît une sympathie, à la surprise de tous. Les deux jeunes gens se fiancent à Rennes. Rome consent à libérer les deux fiancés de leurs précédents engagements. Les noces sont célébrées à Langeais, au Château Royal, le 6 décembre 1491.
Afin de régler la question des droits de chacun à la succession de Bretagne, on avait opté pour la formule de l'abandon mutuel au profit du dernier survivant si l'union des époux demeurait stérile. Au cas où le roi décéderait avant sa femme, celle-ci redeviendrait automatiquement duchesse de Bretagne mais devait s'engager, soit à ne jamais se remarier, soit à épouser le futur roi de France ou, à défaut, le premier dans l'ordre de succession au trône. Quelles que fussent les circonstances, la Bretagne se trouvait donc condamnée, de toute façon, au rattachement à la France.
De cette union, elle donne naissance au dauphin Charles Orland qui décéda de la variole à l'âge de 3 ans. Elle eut trois autres enfants, morts en bas âge ou à la naissance.
Le roi Charles VIII meurt d'un stupide accident en 1498 (il se cogne le front contre un linteau d'une porte basse, dans un couloir du château d'Amboise). Anne profite de ce deuil pour frapper sa monnaie, rétablir la chancellerie et réunir ses états : elle reprend avec énergie les rênes de son duché.
Louis d'Orléans, devenu Louis XII, propose un nouveau mariage à Anne de Bretagne. Cette fois, ce n'est plus une duchesse vaincue qui épouse son vainqueur pour éviter un désastre à son peuple, mais une souveraine indépendante qui accepte librement de se donner au Roi de France sans pour autant avoir l'intention d'aliéner sa patrie. Le mariage a lieu à Nantes, le 8 janvier 1499 ; il sera suivi de la naissance d'une fille, Claude, en octobre de la même année, puis de Renée, en 1510.
En 1504, Anne réussit à faire signer le traité de Blois qui stipule le mariage de la princesse Claude et de Charles de Luxembourg, futur Charles Quint : elle considérait encore que l'indépendance de la Bretagne serait mieux sauvegardée par un mariage autrichien que par un français. Suite à une grave maladie, Louis rédige un testament où il rompt les fiançailles de Claude et Charles et ordonne un mariage aussi rapide que possible avec François d'Angoulême, futur François Ier. Les efforts d'Anne pour garder l'indépendance de son duché échouent une nouvelle fois. Elle part effectuer un pèlerinage dans son duché, le Tro Breiz.
(tour de Bretagne), et à son retour tente de faire revenir le roi sur sa décision. Elle se heurte à un refus catégorique. Louis XII réunit les États Généraux qui approuvent ce mariage et fixent la date des fiançailles. Anne ne réussit qu'à ajouter une clause au contrat : s'il lui naissait un fils ou une fille, elle se réserve la possibilité de disposer du duché en sa faveur.
Les premiers signes de maladie apparaissent chez Anne qui a 36 ans. La seule possibilité de sauver la Bretagne est de marier rapidement Renée et lui donner la Bretagne en dot, mais la maladie ne lui laisse pas le temps de terminer les entretiens en ce sens.
Elle meurt le 9 janvier 1514. En tant que reine de France, l'honneur de reposer à l'intérieur de la basilique de Saint-Denis lui revenait de droit. Elle tint pourtant à léguer son cœur à la Bretagne. Il est placé dans un réceptacle d'or fin épousant ses contours et transféré à Nantes. Sur l'une de ses faces extérieures est inscrit :
"En ce petit vaisseau
De fin or pur et munde
Que oncque dame eut au munde
Anne fut le nom delle
En France deux fois royne
Duchesse des Bretons
Royale et Souveraine."
Comme il l'avait prédit à la mort d'Anne, Louis XII meurt moins d'un an après, après avoir marié sa fille Claude qui remet en dot le duché de Bretagne. L'année suivante, François reçoit de Claude l'usufruit de la Bretagne, puis deux mois plus tard l'héritage pur et simple du duché si elle venait à décéder la première. Claude de France a un fils, le futur Henri II, et meurt en 1524. Le duché revient au dauphin. François Ier, qui veut en finir avec cette situation instable, obtient la réunion de la France et de la Bretagne le 4 août 1532.
Le blason des ducs de Bretagne était d'hermines plein, et portait la devise Potius mori quam foedari, ce qui signifie Plutôt mourir qu'être souillé. Introduits au XIIIème siècle, ces symboles ne seront utilisés que sous Anne de bretagne. On raconte qu'un jour en chassant, Anne vit une hermine qui préféra la mort face aux chasseurs plutôt que de maculer son pelage en traversant une mare de boue. Émue, la duchesse lui laissa la vie sauve, et en souvenir de cet incident elle adopta la queue d'hermine comme symbole.
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