Bien avant l’époque de ‘la Réforme’, au XVIème siècle, des personnes s’étaient élevées en proclamant que l’Eglise avait besoin d’être réformée. Ces réformateurs avant l’heure furent souvent qualifiés d’hérétiques. L’un d’eux est Jean Huss, un des maîtres de l’Université de Prague (alors royaume de Bohême, actuellement République Tchèque).
La grande question était celle
de l’enrichissement de l’Eglise et de la corruption du clergé, qui avait pris des habitudes de luxe, se mêlait de politique et abandonnait sa vocation première de guide des âmes des chrétiens. Et l’on peut dire que l’Eglise de cette époque ne donnait guère un brillant exemple: c’était l’époque du Grand Schisme et il y avait trois papes (1409)!
Les idées d’un réformateur anglais, John Wycliff, se répandirent en Bohême, où les défauts du clergé étaient plus voyants qu’ailleurs, et aussi parce que ce clergé était allemand; le nationalisme vient donc se mêler à cette idée de réforme nécessaire. (Disons pour schématiser que le royaume de Bohème était peuplé de Tchèques et d’Allemands)
Pour Wycliff et pour Jean Huss, l’Eglise devait revenir à
la simplicité des origines. Mais ils pensaient qu’elle ne se réformerait jamais d’elle-même, qu’elle ne renoncerait pas à ses richesses et à son pouvoir politique, mais que cela devait lui être imposé par les instances laïques, que seul l’Etat et ses représentants seraient capables de la contraindre à
revenir à un mode de vie plus apostolique.
Avec ces idées, Jean Huss devint le prédicateur préféré de la Chapelle de Bethléem, une petite église de la Vieille Ville de Prague –dont le site a été conservé. Les milieux intellectuels universitaires, la cour de Bohème, une partie de la noblesse et de larges couches populaires furent gagnées. Mais les prélats et les grands bourgeois d’origine allemande s’opposèrent à Jean Huss, de même que les maîtres allemands de l’Université de Prague. Ceux-ci furent désavoués par le roi Wenceslas IV et quittèrent la Bohème (1409).
Jean Huss, dénoncé par le clergé allemand, fut déclaré hérétique et excommunié (1412), cependant qu’il protestait de son respect pour l’autorité papale et de sa volonté de ne pas se séparer de l’Eglise.
Dans le but de régler la question des papes,
un concile se réunit dans la ville de Constance (1414), et Jean Huss fut invité à venir s’expliquer. Il s’y rendit, dans l’espoir de convaincre les pères conciliaires du bien-fondé de ses propos. Mais ses idées n’étaient pas celles du haut-clergé: à peine arrivé, il fut arrêté, jugé comme hérétique et brûlé (6 juillet 1415).
Un an plus tard, son principal disciple et ami, Jérôme de Prague, subit le même sort. Tout deux furent vénérés comme des martyrs et leurs partisans prirent le nom de « hussites ».
Les tensions devinrent telles entre catholiques et hussites qu’elles donnèrent lieu à une série de guerres, de 1419 à 1436. Ce sont
les guerres hussites– dont je parlerai dans un autre post.
Disons pour conclure que Jean Huss est considéré comme un
héros national tchèque et qu’au début du XXème siècle, un gigantesque monument national lui a été élevé sur la place de l’hôtel de ville de la Vieille Ville de Prague, où se dresse désormais son altière stature.