Nous connaissons aujourd'hui le Scotland, ou pays des Scots et nous avons pour habitude de les relier indéfectiblement à l'écosse. Cependant, les Scots viennent d'Irlande et leur présence sur le sol d'Écosse n'est finalement du qu'à un caprice de l'histoire: les Vikings. Caprice redoutable il est vrai.
Subissant la menace d'une invasion majeure des hommes de la mer, les tribus Scots d'Irlande et les tribus Pictes d'Ecosse passèrent un pacte de défense en l'année 842 de nôtre ère. Un certain Kenneth Mac Alpine mena rondement cette affaire, créant de deux royaumes un seul, tout d'abord nommé Alba, puis rapidement Scotland car les Pictes furent en quelque sorte avalées par la civilisation Scot, sans nul doute plus virulente. Il se peut que la civilisation Picte fut déjà sur le déclin dés le 5ième siècle, période à laquelle elle subit les premiers assauts de la christianisation ( St Colomba en 565 rend visite au roi Picte Bridei qui l'accueille favorablement). Dés le début du 9ième siècle, les Pictes n'existent plus que par le témoignage de leurs pierres sacrées. Même leur langue est perdue. Ils sont le peuple mystérieux par excellence. D'autant que leur passé est glorieux. L'illustre empire Romain s'est cassé les dents sur leur pugnacité, au point de construire des murs monstrueux (mur d'Hadrien en 122, puis celui d'Antonin, timidement plus au Nord en 140) et de décréter, par la force des choses, que la civilisation s'arrêtait là!
C'est que pour la première fois, loin de leurs bases et de la chaleur méditerranéenne, les vaillants légionnaires connaissent la peur, la vraie. A moindre échelle, ils l'ont déjà testée en Gaule mais ce qu'ils rencontrent là, c'est la vaillance au delà de la folie, l'abnégation de l'être pour la victoire. Rien n'arrête les soldats peints en bleu. Pour comble de malheur, après une défaite discutable en 84 devant le célèbre général romain Agricola, ils se refusent désormais à toutes batailles soigneusement rangées comme Rome les affectionne.Les Pictes ont compris la leçon. Devant une armée de métier, ils ne font pas le poids.Leur tactique va changer et porter rapidement ses fruits.Ils attaquent désormais par surprise, en petits groupes, là où on ne peut manœuvrer savamment. Les généraux ont beau s'user les yeux sur leurs cartes et les retourner en tout sens, nul moyens de coincer de nouveau cet ennemi.
Ces grands stratèges sont déstabilisés par une armée infiniment inférieure ( Rome dispose de 3 légions sur le sol Anglais ce qui est exceptionnel et démontre une grande crainte envers les peuples remuant des Iles dans la brume)car ils ne savent pas lutter contre une guérilla. Rome doit reculer, avec de lourdes pertes.
Ayant donc conservé leur autonomie, les Pictes, échaudées par l'expérience Romaine, vont s'unifier solidement et au départ des Romains (5ième siècle), ils forment un royaume unique et uni, calme et plutôt prospère. Mais la désunion les guette sous la forme apparemment innocente de prêcheurs en soutane.
Quant à leurs origines, il existe deux théories:
- Soit ils sont des peuples très anciens, en place avant l'arrivée sur les Iles des tribus Celtes ( Cette version est en perte de vitesse parmi les historiens)
- Soit ils sont des Brittons, au même titre que les Gallois et les Anglais ( Avant l'arrivée des Saxons), donc des Celtes "pure jus!"
Tout ce que nous savons d'eux se résume à peu de choses: tout le mal que les Romains en on dit!... Et les gravures de leurs pierres sacrées. Les Pictes étaient des gens de symboles. Bien au delà du décoratif, ils accordent aux traits une valeur magique et sacrée. Le dessin, sur la pierre ou le corps, est une demande, une affirmation, une offrande ou une protection. Quoi qu'il en soit, celui ou celle qui s'en pare devient porteur, ou porteuse, d'un message à l'adresse des hommes de la part des Dieux, ou l'inverse. Picti veut d'ailleurs dire "hommes peints ou tatoués" et ce surnom fut vraisemblablement inventé par les infortunés soldats romains lancés à la conquête de l'ultime Nord de l'Ile des brumes. Il est employé pour la première fois de façon officielle par un écrivain romain en 297.
Les pierres sacrées se classent en 2 catégories avec le christianisme comme séparation. Les plus anciennes, vraisemblablement des blocs élevés au néolithique, ne portent que des motifs Pictes, sur les plus récentes, dessins païens et chrétiens se côtoient.
Les plus fréquents motifs sont de simples traits en forme de V ou de Z. peut-être s'agit-il d'une sorte d'entrée en matière stylisée, une formule standard destinée aux dieux...
Viennent ensuite les objets usuels.
Ces dessins sont représentatifs d'une activité particulière et permettent sinon d'affirmer leur sens, du moins d'en appréhender l'approche sous forme de rites liés à l'apparence, à la médecine et au métier de forgeron, toujours entouré de mystères quelque soit la civilisation. Les suivants sont bien plus étanches à toute approche.
Certains animaux sont aussi représentés, tel le serpent qui, grâce à sa capacité de mue était peut-être considéré comme un symbole d'immortalité, ou de jeunesse éternelle.
Et le saumon, peut-être symbole d'abondance tant il pullulait dans les rivières d'Écosse. Ou de sagesse comme dans d'autres peuplades Celtiques.
Viennent encore d'autres représentations, toujours plus hypothétiques, et notamment la fameuse "bête Picte" qui pourrait être un dauphin...
Tout ces motifs s'entremêlent sur les pierres, portant aux yeux du temps un message que nôtre civilisation ne comprend plus. Ce que disaient les Pictes risque de n'appartenir qu'à eux pour le reste des temps.
Les photos et dessins, ainsi que les renseignements m'ayant permit d'élaborer ce résumé proviennent de la revue Keltia