Poste de guet sur la Haine en amont de la ville de Mons, le domaine d'Havré est connu dans l'histoire depuis le XIIe siècle.
Ce poste deviendra une forteresse dont aucun document connu ne permet de représenter l'aspect. Les Enghien, propriétaires, reconstruisent la forteresse dans la disposition en quadrilatère que nous lui connaissons encore aujourd'hui. Après avoir subi les assauts des bandes liégeoises et brabançonnes, la place forte est détruite, en 1365, par les Flamands venus dévaster la région de Mons.
28 avril 1423. Gérard d'Enghien cède à son neveu, Christophe de Harcourt, le domaine d'Havré.
Mars 1439. Marie de Harcourt épouse Jean d'Orléans.
Avril à juillet 1518. Le château passe, par échange, à Philippe de Croy. Chirurgien du roi de France Charles IX, Ambroise Paré décide, contre l'usage courant, d'appliquer la ligature des artères. Charles Philippe de Croy ayant été blessé d'un coup d'arquebuse à la bataille de Montcontour, Paré est envoyé par le roi à Havré. Il soigne et guérit le prince (1569).
Mars 1578. Don Juan, à la tête de 6000 hommes, assiège la forteresse; les soldats se rendent, le château est intact.
23 juillet 1578. Le duc d'Anjou attaque et enlève la place. Des pièces d'artillerie, appelées à la rescousse, ont infligé de lourds dégâts.
Eté 1578. Un violent incendie achève le désastre
Charles Alexandre de Croy, marquis d'Havré, commence la restauration du château vers 1600. Il crée un ensemble majestueux où jouent briques rouges et pierres. Le donjon est coiffé d'un beau bulbe ardoisé. Une girouette, supportant la couronne du Saint-Empire germanique, le surmonte. Le bulbe inspirera, entre autres, les architectes du château de Chimay et de la collégiale de Dinant.
Superintendant du roi d'Espagne aux PaysBas, chevalier de la Toison d'Or, prince du Saint-Empire germanique, chevalier héréditaire de la ville de Mons, Charles Alexandre de Croy est un personnage considérable. Homme de guerre et de gouvernement, il est aussi particulièrement sensible aux choses de l'art. Il impose une magnificence dont bénéficie la vie au château. Transformé en une opulente demeure avec sa tour des hôtes et ses grandes salles d'apparat, le château voit passer des visiteurs de marque.
Van Dyck, collaborateur de Rubens et familier des Croy, Rubens lui-même, Marie de Médicis, l'Infante Isabelle, Marie de Hongrie, le duc de Malborough, le prince Eugène de Savoie notamment séjournent au château d'Havré.
1839. Abandonné par les Croy, le château passe finalement aux mains du chanoine Puissant (1919) qui tente de le sauver. La tâche est insurmontable. Après avoir failli être emportée pierre à pierre par un américain, la propriété échoit finalement à la Province de Hainaut. Dans une indifférence regrettable, pillage, vandalisme et végétation envahissante conduisent à l'inévitable.
Dès 1930, des éboulements successifs, parfois très importants, menacent la vie d'un patrimoine qui sera pourtant classé en 1936.