Reine d'Écosse (1542-1567) et de France (1559-1560) de très bonne heure, elle ne régna que très peu de temps : six ans en Écosse et un an et demi en France. Elle revendiqua aussi la couronne d'Angleterre, ce qui la mena finalement à l'échafaud.
L'enfance heureuse d'une petite reine d'Écosse à la cour de France
Elle fut la fille de Marie de Lorraine (Maison de Guise) et du roi d'Écosse Jacques V qui mourut moins d'une semaine après sa naissance. Elle fut ainsi proclamée reine à l'âge de sept jours et l'on chercha aussitôt à la marier. Comme la guerre avec l'Angleterre prenait une très mauvaise tournure, on pensa tout d'abord à Edouard, le fils d'Henri VIII, âgé de cinq ans, afin d'assurer l'union pacifique des deux royaumes. Mais les exigences du roi d'Angleterre qui voulait élever la fillette à Londres firent hésiter les Écossais et impatient, celui-ci décida de reprendre la guerre pour s'emparer de l'enfant. La lutte entre les deux couronnes était inégale et les Écossais implorèrent rapidemment l'aide de la France. La régente proposa alors d'unir sa fille à François, le jeune dauphin de France, fils d'Henri II et de Catherine de Médicis. Pour elle, c'était aussi un nouveau pas vers le rapprochement des Guise avec le pouvoir français.
En 1548, la France accepta les fiançailles sous deux conditions qui furent aussitôt acceptées par les Écossais qui n'étaient pas en position de négocier : l'occupation des forteresses stratégiques par des contingents français pour mieux les défendre et le départ immédiat de Marie pour la France. Sa mère rongée par le chagrin dut demeurer sur place afin de poursuivre la régence.
A la cour d'Henri II, Marie Stuart connut une enfance heureuse. Elle suscita l'admiration tant pour son physique que pour sa précoce vivacité d'esprit et son goût pour les échanges épistolaires. Elle y reçut une éducation et des divertissements qui lui firent méconnaître les réalités de la vie écossaise. À vrai dire, personne ne pensait vraiment qu'elle aurait à retourner un jour dans son pays.
Le mariage
Le mariage ne fut pas jugé urgent par Henri II qui la gardait près de lui. Tant que le mariage n'était pas célébré, il était toujours possible de revenir sur les engagements antérieurs, et de toutes façons, le dauphin bien que devenu majeur n'était pas encore assez mûr.
En 1557, tout changea : la reine d'Angleterre Marie Tudor déclara la guerre à la France qui voulut alors renforcer l'alliance écossaise. On les fiança et les maria en avril 1558 avec un faste digne de leur rang. François reçut la couronne matrimoniale d'Écosse et les deux pays s'autorisèrent la double nationalité. En vertu d'une clause secrète, il fut convenu qu'au cas où Marie Stuart mourrait sans enfants, elle léguait son royaume à la France (et non à son mari).
La couronne d'Angleterre et la couronne de France
Quelques mois seulement après le mariage, Marie Tudor mourrait sans postérité. Sa demi-soeur cadette Elisabeth fut aussitôt proclamée reine. Mais issue d'une union jugée illégitime par les catholiques, son avènement prèta à contestation et Marie Stuart (qui devenait ainsi la principale héritière légitime d'Henri VII) put revendiquer le trône d'Angleterre. Elle fut reconnue comme telle en Écosse et en France, mais ceci resta théorique : aucun Anglais, même catholique n'accepta cette étrangère pour reine.
L'année suivante, la mort accidentelle d'Henri II fit accéder François au trône. Marie Stuart devenait reine de France.
Mais du côté de l'Écosse, les nouvelles étaient très mauvaises : sa mère Marie de Guise venait de mourir et le parlement écossais très favorable au protestantisme décida aussitôt de mettre fin à la guerre avec l'Angleterre (traité d'Edimbourg), de reconnaître Elisabeth pour reine d'Angleterre et d'instaurer la nouvelle religion comme culte officiel. C'en était fini de l'alliance avec la France.
En France, la fin de l'année 1560 fut tout aussi dramatique : François II, malade, succomba 18 mois après son accession au pouvoir. Marie Stuart était veuve. Peu de temps après, il fallut lui trouver un nouveau mari. On pensa un instant à l'infant d'Espagne, don Carlos, mais Philippe II se montra réticent ; car pour rétablir l'autorité de Marie en Écosse, il faudrait procéder par la force et il jugea l'opération peu rentable. Comme les choses n'aboutissaient pas, Marie qui était de surcroit en froid avec sa belle-mère, se décida à retourner en Écosse. Mais là-bas, les choses avaient bien changées.