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- En Europe, le monde Romain fit, lui aussi, les frais de leurs exploits. On connaît, entre autres, l’existence des Namnètes de l’île de Sein et des Samnites de l’embouchure de la Loire.
L'antiquité a vu des récits de marins, qui, allant sur la côte atlantique, soit quasiment au bout du monde (cf. étymologie de Finistère) ont pu identifier des cultes proches de ceux des grecs.
C'est le navigateur Massaliote (Colonie grecque)
Pythéas, à travers une source tardive qui nous raconte son voyage, que l'on découvre de l'existence d'un sanctuaire à l'embouchure de la Loire.
L'auteur est Rufus Festus Avienus (fin Empire Romain) et qui se base sur des textes datant du VI-V BC. Il nous en reste 707 vers.
Ile de Sena = île de Sein.
Là bas vivaient 9 prétresses (gallizènes) et magiciennes, liées à une divinité marine et ayant la capacité de guérir les maladies, de faire des prédictions et de se transformer en animal.
Il s'agirait donc d'un sanctuaire oraculaire comparable à la Pythie de Delphes.
Le fait que ces prétresses restaient perpétuellement vierges rappelle les Pythies et les vestales romaines qui l'étaient durant leur sacerdoce.
Il ne me semble pas qu'il y ai de SOCIETE amazone. La légende des amazones vient, sans doute, des pratiques sarmates, où la femme pouvait être guerrière. Je suis désolé je n'ai guère plus d'éléments sous la main. On comprend que des femmes à la guerre ça puisse faire désordre chez des grecs qui forment les hommes dès l'adolescence (éphèbes) à défendre leur cité, alors que les femmes ont d'autres activités, restant à la maison, et dans le gynécée notamment.
Voilà je vous ai retrouvé dans le détail ce qui nous a été dit sur cette fameuse île de Sein.
Eustathe de Thessalonique, Grammarien du XIIe siècle : Paraphrase à la Descriptions de la Terre de Denys le Périégète, vers 570-579.Près des îles Cassitérides, il y a une autre série de petits îlots, où les femmes des Amnites, à l'opposé, c'est-à-dire en face, dans leurs transports, célèbrent selon le rite le culte de Dionysos : c'est pendant la nuit, et elles se couronnent des corymbes du lierre au noir feuillage, c'est-à-dire de branches de cet arbre avec leurs fruits en forme de grappes ; et le bruit des tambours et des cymbales qu'elles frappent retentit au loin. Nulle part, ... ni les Bistonides ou Thraces... ni les Indiens ne mènent les fêtes du bruyant Dionysos avec l'ardeur que mettent en cette contrée les femmes des Amnites à chanter : Evohé Bacchos ! c'est-à-dire l'hymne sacré des Dionysies
Anonyme (VIIe-VIIIe siècle), Chrestomaties, IV, 14-16, trad. Edm. Cougny, 1986, Paris, Errance.En face de l'embouchure du fleuve Loire, il y a dans l'Océan, non pas tout à fait au large, une petite île habité par les femmes des Samnites, lesquelles sont des bacchantes, possédées de Dionysos, et cherchant à se rendre ce dieu propice. Aucun homme n'a le droit d'aborder dans cette île ; ce sont les femmes qui vont de leur île sur le continent en face pour s'unir à leurs maris et revenir ensuite dans leur île.
Pour revenir sur AviénusAvienus, Rufus Festus : Auteur du IVe de notre ère aécrit les Rivages maritimes à partir de Périples d’auteurs anciens VIe-IVe BC massaliote et carthaginois du VIe s. BC).
Il cite l’« île sacrée » Hibernia (Irlande) et Albion, la Grande-Bretagne, des îles riches en étain, les Ostrymnes (Scylli ?), l’île de Pélagie consacrée à Saturne (Chronos).
Dans une adaptation-traduction (Description de la Terre) d’une œuvre de Denys le Périgète, Aviénus évoque une île consacrée à Dionysos
Aviénus après voir décrit les rivages de l’Ibérie s’attarde sur les régions plus septentrionales
« Plus loin, près des lieux d'où s'élance le souffle glacé de l'Aquilon, deux îles dominent les ondes de leurs vastes sommets. Leur sol est fertile, leur étendue considérable ; situées dans les parages où le Rhin va se perdre dans les eaux de l'océan Occidental, elles nourrissent les races féroces des Bretons.
Là, au milieu des flots écumants d'une vaste mer, une petite île sort du milieu des eaux : des chœurs nombreux de femmes y célèbrent les fêtes du beau Bacchus ; ces jeux sacrés se prolongent dans la nuit. Elles frappent l'air de leurs cris, et font retentir la terre du bruit répété de leurs pas.
Ni les femmes des Bistoniens près du fleuve Absinthe en Thrace, ni les Indiens qui habitent les bords du Gange aux flots impétueux, n'observent avec autant de zèle les fêtes instituées en l'honneur de Bacchus
Denys le Périégète, né à Charax en Suisane au Ier s. AD, auteur d’une Description de la terre habitée. Près [des îles Britanniques], il est un autre groupe d'îlots, et sur la côte opposée, les femmes des Amnites célèbrent en des transports conformes au rite des fêtes de Bacchos, elles sont couronnées de corymbes de lierre, et c'est pendant la nuit, et de là s'élève un bruit, des sons éclatants. Non, même dans la Thrace, sur les rives de l'Apsinthe, les Bistonides n'invoquent pas ainsi le frémissant Iraphiotès ; non, le long du Gange aux noirs tourbillons, les Indiens avec leurs enfants ne mènent pas la danse sacrée du frémissant Dionysos, comme en cette contrée les femmes crient : Evan !
Strabon, Géographie, Livre IV, 4-6« Il (Poséidonios) dit aussi qu’il y a dans l’Océan une petite île, non loin de la mer, située en face de l’embouchure de la Loire. Ce sont des femmes samnites qui l’habitent, elles sont possédées de Dionysos qu’elles apaisent par des cérémonies et des rites sacrés. Aucun homme ne pénètre dans l’île, ce sont les femmes qui font la traversée pour avoir des rapports avec les hommes et s’en retournent ensuite chez elles. Il y a une coutume selon laquelle elles doivent une fois par an démonter le toit du sanctuaire et le refaire le même jour avant le coucher du soleil, chaque femme portant son fardeau. Si l’un des d’elles laissent choir sa charge, les autres la mettent en pièces, emportent les morceaux en tournant autour du temple, tout en poussant des cris, et ne s’arrêtant pas tant que ne cesse leur frénésie. Et il arrive toujours que l’une d’entre elles tombe et doive subir ce traitement. »
Namnètes ou SamnitesSur les manuscrits : Samnites (Samnitôn, sauf chez Eustathe « Amnitôn »), corrigés par les éditeurs en Namnètes (Namnitôn), en raison de la localisation littorale et atlantique de ce peuple (Namnètes)
Mais le géographe Claude Ptolémée (d’après Artémidore) connaît et distingue bien dans ces régions des Samnites des Namnètes.
Une explication pourrait être que le mot samnite serait une déformation d’un mot gaulois signifiant « femme », mot attesté sur une tabella defixionis en plomb découverte dans la nécropole de l’Hospitalet du Larzac.