le sucre ?

Bon alors j'ai de petites questions au niveau du sucre ?

de quel aliment venait le sucre que l'on utilisait dans les préparations ?

le sucre était-il considéré comme une épice ?

voila merci ^^

Eh bien, il me semble que le "sucre" utilisé au MA, c'était le miel.
Le sucre, tel que nous le connaissons, est, je crois, arrivé en Europe au XVIIème ou XVIIIème siècle, avec l'exploitation de la canne à sucre. Et le sucre de betterave, c'est depuis le 1er Empire, avec le blocus continental, il a fallu trouver un autre moyen de faire du sucre.
Par prudence, attendez que d'autres personnes confirment ou non ce que je suis en train de dire.

Je suis comme vous dame Danièle, j'en sais à peu près autant, mais ne suis sure de rien.
La seule chose dont je soie sure, c'est que l'on ne met jamais de sucre dans un hypocras peu importe la recette que l'on suit, si l'on veut un "vrai" hypocras. Du miel, il n'y a que ça de vrai!

Bien sûr, le sucre tel que nous le connaissons, n'existait pas encore.
Et à ce propos, je me demande de quand datent les confitures, dans lesquelles ont met si belle quantité de sucre. En faisait-on au MA? ou un produit approchant? et avec quoi comme produit sucrant? Idem pour les sirops...

Il ne me semble point que les confitures datent du Moyen-Age, les petites gens en tout cas mangeaient essentiellement une sorte de bouillie a base de légumes qu'ils étalaient sur une tranche de pain et cela représentait quasiment la plupart de leur repas. Quand aux sirops il ne me semble pas que ceux-ci existaient réellement, il y avait certes le vin qui était très utilisé car était censé purifié l'eau, malgré tout pour les petites gens encore l'usage de vin n'était pas vraiment courant au point d'avoir sa bouteille sur table tout les jours...

Il est vrai que le sucre n'a pas sa place dans les mets du MA... j'opterai pour la solution des cannes à sucre pour commencer le sucre. Avant c'était peut etre le miel...et ils ne devaient pas faire de confiture.
Mais les gens du MA avaient ils un "petit déjeuner" à la francaise (que du sucré?)? ou bien déjeunaient ils d'un bouillon de légumes de la veille?

Je pense que chez les nobles, il est possible qu'il y ait eu du sucré, mais pas chez les petites gens en tout cas...
Du pain et heu c'est tout? ou un peu de bouillon, oui, peut - être...
Quand ils prenaient un petit déjeuner....

Sucrer les aliments
Pour sucrer les aliments , on utlisait au Moyen Age biensûr le miel , mais aussi des plantes aux pouvoir sucrant tel que la Réglisse ( 50 fois plus doux que le sucre ) et les fruits, puis la canne à sucre .Rare et cher pendant la période médiévale, le sucre de canne d'origine arabe est un médicament et un produit de luxe réservé aux élites.

Les romains adoraient les saveurs douces : plus de la moitié des recettes d'Apicius comportent du miel ou des fruits !
Les pâtisseries des Romains, à base de miel, sont les ancêtres de nombreuses pâtisseries orientales actuelles.
La cuisine arabo-persane, proche et héritière, par certains côtés, de la cuisine romaine antique, conserve ce goût pour les saveurs douces ou aigre-douces.

Pline l'Ancien , dans son Histoire Naturelle, avait également décrit le sucre : L'Arabie produit aussi du sucre (saccaron); mais celui de l'Inde est plus réputé. C'est un miel recueilli sur des roseaux, blanc comme la gomme, qui se casse sous la dent, de la grosseur au plus d'une noisette, utilisé seulement en médecine (Traduction M.A. Ernout, Les Belles Lettres, 1949, Livre XII, §XVII).
Mais il faut attendre le Moyen Age pour que le sucre soit vraiment utilisé en Europe.

Le sucre est extrait de la canne à sucre (saccharum officinarum) par broyage de la tige, c'est une plante herbacée vivace . La canne à sucre (sarkara en sanscrit) est originaire d'Inde et de Chine. Puis elle a été cultivée en Perse, dans les régions du Khouzistan et du Béloutchistan. Les arabes ont ensuite développé la culture de la canne à sucre dans tout le Proche Orient (Palestine, Syrie, Egypte).
À partir du 9e siècle, la production de la canne à sucre se développe en Espagne (Andalousie et région de Valencia) et dans les îles de la Méditerranée : Chypre, Crète, Malte et la Sicile. Pendant près de 5 siècles, Venise importe la canne à sucre en Europe, comme elle le fait déjà pour les épices, et raffine le sucre. A la Renaissance, Venise devient un haut lieu de fabrication de confiseries et de pâtisseries.

Sukkar en arabe, devient azucar en espagnol, sugar en anglais, zucchero en italien qui se transforme en sucre en français (1175, Chrétien de Troyes).

Le sucre, quasi monopole commerciale aux mains des arabes, a le statut d'épice au Moyen Age : il est aussi cher et aussi rare que les épices, il est intégré à la pharmacopée et à la diététique médiévales comme les épices. Le sucre en morceaux n'existe pas encore. Il est alors présenté sous forme de pains de sucre, cela jusqu'au début du 20e siècle.

Le sucre médicament au Moyen Age et la confiture
Dans la médecine hippocratique, pratiquée jusqu'à la fin du 16e siècle, en Occident, le sucre est classé parmi les produits chauds et humides (comme le gingembre, le safran, les dattes, les amandes, les olives ou l'oignon).

Les arabes introduisent le sucre dans la pharmacopée comme en cuisine. Ils inventent alors les techniques du sucre tiré, du sucre pétri et le sirop (sharab en arabe, qui veut dire mélange de sucre et d'eau).

La confiserie et la cuisine se trouvent intimement mélées à la médecine.

Le mot confiture vient de confire (conficere, préparer). Il apparaît en français au 13e siècle pour désigner les aliments cuits dans du miel ou du sucre et regroupe tout ce que nous appelons maintenant confiserie : fruits confits, pâtes de fruits, nougats, bonbons et confitures.

Entre le 12e et le 14e siècle la confiture proprement dite est appelée en français "letuaire".Ce mot letuaire, couramment cité dans les traités médiévaux de médecine en tant que médicament, vient du latin electuarium et désigne un médicament à lécher ! En réalité, on trouve les letuaires, consommés en fin de repas, dès le 12e siècles. ( Perceval le Gallois ).
On retrouve aussi la trace de ces "sucreries" chez Dioscoride, Pline, Galien et dans les antidotaires du Haut Moyen Age (recueils de médicaments). Sont alors cités dans la liste des electuaria la gelée et la pâte de coing, d'autres pâtes de fruits secs et même une recette carolingienne de nougat (amandes amères, pignons, semences de lin, amidon, gomme adragante, réglisse et miel).

La science médicale arabe arrive en Occident via l'Espagne et l'Italie. Les médecins de Salerne fabriquent des electuaria à base de miel ou de sucre (pâtes de fruits, confitures, dragées).

Un traité de pharmacie, connu et respecté en Europe jusqu'au 18e siècle, l'Antidotarium Mesuae , écrit au 12e siècle par "Pseudo-Mésué" (Mésué était un médecin arabe du 9e siècle ) comporte un certain nombre de recettes de confiseries, empruntées à la médecine arabe (pâtes de fruits, massepain, nougat, sirops) ou inventées par lui (confitures de pommes, de pêches, de prunes). Certaines confiseries sont considérées comme des médicaments purs, mais certaines autres ont bien le statut mixte des épices : médicament pour aider à la digestion et produit de gastronomie à servir en fin de repas.


Le sucre étant un médicament, il est normal qu'on le trouve intégré dans des recettes pour malades. Cette catégorie particulière se retrouve dans plusieurs livres de cuisine au Moyen Age :
Sur les 9 recettes de la catégorie Potages pour malades, du Ménagier de Paris , on en trouve 6 avec du sucre en grande quantité, comportant toutes la mention "succre foison" ou "grant foison succre" ou "succrer fort".

Taillevent, dans l'édition imprimée du 15e siècle, propose une recette de poisson (poisson, amandes, gingembre) et la termine par ces mots :
"Et pour malades, il fault du sucre".

Nostradamus, astrologue et aussi médecin, écrit un livre publié à Lyon en 1555 : Le vray et parfaict embellissement de la face suivi de la Seconde partie, contenant la façon et manière de faire toutes confitures liquides tant en succre, miel, qu'en vin cuit. On est encore dans le sucre médicament, et déjà dans le sucre plaisir !

En conclusion : le sucre de la canne à sucre ( et la confiture ) existait bel et bien au Moyen Age (et même avant) , mais dans un premier temps comme médicament et assez cher ...L'utilisation du miel et des plantes à pouvoir sucrant fut d'avantage utilisés ...
Le sucre pour le "plaisir " arrive bien apres durant la renaissance ....


j'espere que celà reponds un peu a vos interrogations ....


J'ai changé les couleurs, le jaune c'est pour la modération. Merci. Ace.

Bravo, cher Magicien Herboriste...

Votre post va m'être d'une grande utilité !!!!

Merci Messire Jusquiame. J'ai trouvé votre article très intéressant!

Merci pour ce bel article, que j'ai "dévoré"... comme une sucrerie!

Désolé pour le jaune Messire Ace . J'avais completement oublié ....

Merci beaucoup pour toutes ces réponses

Ah je reconnais bien là mon cher Jusquiame, qui nous a encore renseignés d'une manière si précise et passionnante !

on pouvait également tirer du sucre des fleurs de trèfles, mais on les mettait plutôt dans le plat en question.

Autrement, pour adoucir le vin, les framboises, mûres et myrtilles et autres baies pouvaient être utilisées.