La chasse aux sorcières

Je vous propose un nouveaux post sur la chasse aux sorcières, c'est mon sujet de TPE, je me suis donc pas mal documenté là-dessus et je voudrais vous faire part de mes mes recherches.


Il existe déjà un post sur la sorcellerie, que je vous conseil si vous ne l'avez pas déjà lu, ainsi que le témoignage d'Eldera de Beauregard.



La présentation peut vous paraître un peu scolaire (mais c'est de la que ça vient à l'origine! ). Je vous propose donc de découvrir qui étaient ces femmes si mystérieuses et fascinantes que l'on jugait sorcières.




intro: La sorcellerie serait bien plus ancienne que l'on voudrait le croire: elle remontrait jusqu'à la préhistoire! En effet la sorcellerie est assimilée au culte de la Déesse, on retrouve des traces de ce culte qui datent de l' ère préhistorique. Selon l'antropologiste Marija Gimbutas, la découverte de la Vénus de Willendorf prouve que le culte de la Déesse existait déjà à cette époque, 35 000 avant J.C. En ce temps, on pratiquait le culte primitif de la fertilité. La place de la femme était très importante, même sacrée. Car la femme est celle qui donne la vie. Dans l'antiquité on retrouve le culte de la déesse, avec par exemple le culte de Cybèle, d'Isis, de Déméter, de Perséphone, de Diane et de Gaïa, on assimilait alors leur prétresses à des sorcières, puis au Moyen-Age il ne reste plus que deux culte: le culte de Diane ou féminin sacré, qui sera assimilé à la sorcellerie et le culte de vierges noires, qui ne subira pas de persécution, puisqu'il est en l'honneur de la Vierge. De nos jours la théalogie est la descendante du féminin sacré, la Wicca qui pratique entre autre le féminin sacré se veut la religion des sorcières, on peut aussi citer le paganisme (= religions païennes).
La chasse aux sorcières n'est-elle pas une chasse à la différence? La sorcière est avant tout une femme hors norme,puis elle a été diabolisée, enfin aujourd'hui, c'est un stéréotype de la différence.





La Vénus de Willendorf



Culte de Diane / Culte de la Vierge noire



Plan (il vous aidera à vous y retrouver ):

La chasse aux sorcières est-elle une chasse à la différence?

I- La sorcière, d'abord une femme hors norme
a-une femme de savoir, une guérisseuse, une femme mystérieuse
b-une femme au physique différent
c-une femme aux mœurs particulières, en marge de la société

II- La diabolisation des sorcières
a-Pour un sorcier, 10 000 sorcières: pourquoi la femme?
b-Des persécutions au nom de la religion
c-Les sorcières parmi les victimes de persécutions

III- Aujourd'hui une sorcière un stéréotype de la différence
a-La sorcière dans les contes, les mythes, les légendes
b-La sorcière bonifiée
c-sorcière et autres créatures maléfiques, à la mode aujourd'hui

I- N'oublions pas qu'avant tout la sorcière est une femme, qui plus est, une femme hors-norme.

a) C'est une femme de savoir, une guérisseuse, une femme mystérieuse. Les femmes accusées de sorcellerie au moyen-âge, sont pour la plus grande majorité des paysannes, illettrées, dont les connaissances étaient basées sur l'observation de la nature, du monde qui les entourait. Car enfin, la femme a toujours été jusque là proche de la nature, à l'époque préhistorique, pendant que l'homme chassait, la femme faisait la cueillette. Elles avaient alors la connaissance des plantes, savaient lesquelles guérissaient, c'est ce que l'on appelle de nos jours la phytothérapie, la superstition et la naïveté des gens de cette époque en faisait de la magie, et même de la sorcellerie. Dans les campagnes, les patelins reculés, ce n'est pas le médecin couteux qui faisaient des saignées que l'on allait chercher, mais bien cette femme qui connaissait le « pouvoir » des plantes et que l'on nomma sorcière. Ce savoir que finalement peu de femmes détenaient, faisait peur, on ne savait pas ce que c'était, et si cette femme pouvait redonner une santé avec ses plantes, elle pouvait aussi donner la mort. La belladone, était utilisée par la sorcière comme produit de beauté, pour lui agrandir son regard, en effet elle dilatait la pupille, mais à forte dose, la belladone provoque des hallucinations, et même des arrêts cardiaques, elle peut donc être mortelle. La sorcière du village était crainte, mais aussi respectée car on avait besoin d'elle et de ses connaissances.





La belladone



b) La sorcière est également une femme au physique différent, particulier. Elle peut être très laide, ou au contraire très belle, puisque après tout certaines connaissaient le secret des plantes, celles qui les rendaient belles. C'est une tentatrice, une sorcière qui va faire succomber nos hommes au pécher! Elle peut aussi avoir des particularités physiques originales, la couleur des cheveux, des yeux, êtres bossue... Les rousses par exemple étaient presque qu'à chaque fois assimilées aux sorcières, en effet leur chevelure flamboyante faisait penser aux flammes de l'enfer, mais aussi les taches de rousseurs typiques aux rousses étaient prises comme « la marque du diable ». A l'époque des persécutions, les inquisiteurs, recherchaient sur les femmes cette fameuse « marque du diable », une fois trouvée, la femme était déclarée sorcière et était brûlée et parfois d'abord soumise à la torture. Cette marque pouvait être m'importe quoi, un grain de beauté à la forme particulière, une tâche de naissance, une vieille cicatrice... On peut également citer les femmes aux yeux vairons, à la pupille dilatée, on a vu plus haut que c'était dû à une plante: la belladone. Les femmes bossues est boiteuses sont aussi vues comme des sorcières.






La belle Dame sans merci, souvent représentée rousse.

c) Enfin la sorcière pouvait être une femme aux mœurs particulières, en marge de la société. Une gitane par exemple, à cette époque on n'aimait pas beaucoup les gens du voyage, ce sont des étrangers, on ne connait rien d'eux, mais qui sont-ils? On était bien jusque là pourquoi viennent-ils chambouler notre petite vie bien paisible? C'est bien connu dans les campagne, les rumeurs les plus saugrenues vont de bon train. Et puis les gens du voyage ont ce côté mystérieux, on ne les connait pas, ils connaissent beaucoup de choses de par la diversité de leurs voyages, ils possèdent des objets étranges et étrangers rapportés de leur excursions. Ce sont aussi des gens très superstitieux qui lisent sur les lignes de la main ou dans les cartes, ils prédisent la bonne aventure, s'habillent de tissus et de vêtements que l'on ne trouve pas au pays... Les personnes en marge de la société étaient aussi mal perçues, les vieilles-filles, les femmes seules, indépendantes, les veuves. Le mari de cette femme est mort peu après le mariage, elle est certainement maudite! Que peut bien avoir cette femme pour ne plaire à aucun homme? Ce doit être une sorcière, une empoisonneuse d'hommes pas de doute là-dessus! Qu'en est-il de cette femme ? On dit qu'elle préfère la compagnie des femmes à celle des hommes, elle doit être possédée par quelques incubes, c'est une sorcière!








Je laisserais un interval d'environ deux semaines entre mes grandes parties, pour vous permettre de compléter et/ou de réagir aux textes!

Très intéressant topic Dame Alyn, votre TPE ne doit pas l'être moins
Quelle chance de pouvoir travailler sur ce sujet dans le cadre scolaire!
C'est le genre de légendes auxquelles les gens réduisent trop souvent le Moyen-Âge Mais il faut bien se rappeler que le fort de la chasse aux sorcières a eu lieu ... pendant la Renaissance! Plus précisément pendant les XVIème et XVIIème siècle, alors que la chasse aux démons (loup-garous, vampires, sorcières etc) battait son plein.

Très interessant en effet !

J'attend impatiemment la suite !

Merci beaucoup ! !
C'est ça l'avantage d'être en L, on peut faire des TPE interessants, sur m'importe quel sujet !

Citation :

Mais il faut bien se rappeler que le fort de la chasse aux sorcières a eu lieu ... pendant la Renaissance! Plus précisément pendant les XVIème et XVIIème siècle, alors que la chasse aux démons (loup-garous, vampires, sorcières etc) battait son plein.

On en parle dans la seconde partie !

Merci de nous faire partager ce joli travail Dame Alyn.
Vivement la suite

p.s.-Je possède 2 procès verbaux qui relatent la condamnation de sorcières dans ma région. La date doit être aux environs du XVIIème siècle. Si ça vous intéresse, je peut les poster.
...à condition que je les retrouves dans le capharnaüm de mon coffre^^

Citation :

p.s.-Je possède 2 procès verbaux qui relatent la condamnation de sorcières dans ma région. La date doit être aux environs du XVIIème siècle. Si ça vous intéresse, je peut les poster.

Bien sur ça m'interesse !!

Ce serait même génial ! Si vous arrivez à les retrouver! ^^

[accrochez vous xD ]

Procès de Madelaine Vuibert, Valangin, 9 mai 1666
La Seigneurie ayant esté informée comme Madelaine Vuibert, veuve de Damian Baroud de Fontaines, estoit fort soupçonnée du crime de sortilege, et mesme qu'à cause de l'apprehension qu'elle avoit d'estre apprehendée pour ce fait, elle seroit evadée hors des Estats de Son Altesse Serenissime, dans lesquels elle seroit seulement retournée quelques jours avant sa prinse, la Seigneurie l'auroit apres deue information prinse de sa vie, tant par rapports de tesmoins qu'autrement, fait saisir au corps, et conduire dans la maison et prisons fortes de Son Altesse Serenissime en son Chasteau de Valengin, le seiziesme de juillet passé, où ayant depuis esté tres serieusement exortée par noble et vertueux sieur Henry Trybolet Hardy, bourgeois de Neufchastel et maire pour Son Altesse Serenissime audit Valengin, de donner gloire à Dieu par une franche confession de ses crimes et forfaits, pour attirer sa misericorde et estiver ses jugemens. Elle, ayant prins goust auxdites remonstrances, a fait la confession suivante. Sçavoir, qu'il y a environ deux ans et six semaines, qu'estant dans son closel,derrier la maison dudit feu Damian Baroud, toute desolée et desesperée du bruit qui courroit d'elle qu'on la tenoit pour une sorcière,pour ce qu'elle ne s'estoit pas fait à laver par la justice des blames qu'on luy avoit imposé,le diable s'apparut à elle en forme d'homme auquel ayant fait ses plaintes, croyant que c'estoit un homme de Fontaines, il luy dit qu'elle se devoit donner à luy. Elle l'ayant enquis de son nom il luy respondit qu'il estoit le Diable, que là dessus elle s'estant recommandée à Dieu il s'en alla, mais que continuant toujours en son desespoir, le malin retourna aurprés d'elle, et l'obligea à se donner à luy, sous la promesse qu'il luy fit de faire cesser touts ces bruits, et qu'elle n'en orroit jamais plus parler. Et qu'à mesme temps elle renia dieu son createur pour adherer à Satan qui luy dit qu'il se nommoit Jean, et ensuitte le malin la jetta parterre, et qu'elle ne sçait pas s'il la marqua à la cuisse droit, (où le boureau a attesté qu'il avoit trouvé la marque diabolique) estant toute troublée et hors d'elle mesme et luy semblant qu'elle ne voyoit que feu et sang, qu'aprés cela il luy donna de la graisse dans un cornet qui estoit comme celle dont on engraisse les chariots pour faire à mourir gens et bestes.

Laquelle ayant portée en l a maison, elle en prit un peu qu'elle donna à manger à son chat avec du beurre et du pain, ce qu'ayant mangé, elle luy ouvrit la porte du nevaux, et quelque temps aprés, estant sortie, elle trouva ledit chat tout estendu et mort dans la grange. Qu'elle croit aussi qu'une de ses poulles en mangea qui fut longtemps malade, et qu'ensuitte elle jetta le reste de la graisse dans le feu.

Item a confessé que s'estant rencontrée à la montagne, elle entendit dire à un de Geneve qui venoit de Bourgogne, que celuy qui auroit du pain de la Saint Cene et du pain de noel sur soy, il ne verroit jamais le malin ni ne feroit aucune mauvaise rencontre : cela fut cause qu'immediatement aprés, participant à la Sainte Cene, elle retint (ceci n'a pas esté lu à cause de la superstion qui s'en pourroit en suivre ) en son mouchoir la grosseur d'une noisette du Saint pain, qu'elle cousut ensuitte avec un peu de celuy de Noel dans son corset, où il est encor presentement, et qu'elle croit fermement que cela est cause qu'elle n'a vu du depuis le malin.

De plus a confessé, estant appliquée à la question de la grue et hors d'icelle, qu'aprés la Saint Jean de l'année qu'elle s'estoit vouée au Diable, Madelaine Simonnier dit la pioniere, dernierement executée, la vint demander un jour sur le soir, elle ne sçachant pourquoy, et la mena au closel Baroud, où elle vit un petit feu bleu et entendit un phifre et un tambour et vit ensuitte des femmes qui dansoyent allentour dudit feu, desquelles elle connut Marie, veuve d'Abraham Richardet autrement nomée la mariette, et la veuve d'Abraham, fils fils de feu Blaise Richardet, qui dansoyent, lesquelles luy ayant depuis esté confronté, elle le leur a soustenu en face, et mesme que ladite Mariette estoit celle qu'elle avoit connu la premiere. Qu'elle ne leur a point fait de tort, et qu'elle est preste de le soutenir jusqu'à la mort. Et qu'aussi tost qu'elle fut là arrivee elle dit : quel train diabolique est ceci ? A Dieu je me rends et me recommande, et que tout disparut, et elle resta toute seule dans ledit closel, et estant retournée à la maison, le landemain matin elle alla sur le mesme lieu, mais qu'elle n'y vit rien.

Messieurs de la justice, aprés l'incovation du Saint nom de Dieu, mettants en consideration les crimes comis et confessés par la detenue, baillent par sentence qu'elle doit estre produitte en jugement publicq, et de là, aprés ratification de ses confessions, devoir estre abandonnée entre les mains de l'executeur de la haute justice, pour, par iceluy, estre menée et conduitte jusques au lieu paribulaire, où elle sera jettée sur un bucher ou mazier qui sera allumé de feu ardent, pour estre bruslée tout vive, son corps reduit en cendres et icelles abandonnées aux quattre vents du Ciel. Que d'elle n'en soit jamais memoire, jusqu'au jour de la glorieuse resurrectionm ses biens eschus au fisq de Son Altesse Serenissime, sauf en tout la grace de Son Altesse Serenissime et de Monseigneur le Gouverneur la représentant en ces souverainetez. Ainsi sentencé, le vingtuniesme d'aoust mille six cents soixant six.


Par ordonnance et
abjudication susdite------------------------------------------------------------------------PERREGAUX


Monseigneur le Gouverneur ayant vu la sentence ci dessus rendue contre ladite prisonniere, quoy quelle soit juridique, inclinant à misericorde, suivant la bonté ordinaire de Son Altesse Serenissime, fait grace à ladite Baroud qu'elle sera estranglée, et le reste de la sentence executé. Donné au Chasteau de neufchatel le 23 d'aoust 1666


DE STAVAY, LULLY


Et sur le jour d'hier, ladite detenue ayant esté conduitte hors desdites prisons sur le petit pont et lieu accoustumé et mise à son libere, elle a le tout ratifié et reconfirmé par serment solennel sur le peril et damnation de son ame en touchant sur le sceptre de justice que ledit sieur maire tenoit en ses mains en presence de quelques uns des sieurs Conseillers Jurer, Greffier et Sautier.

SOURCE : HEP-BEJUNE

Voilà

Je vous remercie beaucoup Vanrik !

C'est trés interressant de pouvoir lire le procès d'une sorcière, même si il faut bien s'accrocher ! ^^

Pourquoi s'accrocher? Juste brulée, moi je trouve -malheureusement -qu'elle a eu de la chance...

Merci pour ce post très intéressant!

Alyn a écrit:

Je vous remercie beaucoup Vanrik !

C'est trés interressant de pouvoir lire le procès d'une sorcière, même si il faut bien s'accrocher ! ^^

Derien Alyn . Et mes excuses, car je ne retrouve pas le second procès verbal...
ps.- Vanryk Vanrik ! ^^

lunaewen a écrit:

moi je trouve -malheureusement -qu'elle a eu de la chance...

Voilà qui est bien méchant ...c'est son pauvre chat le malheureux

Citation :

Pourquoi s'accrocher? Juste brulée, moi je trouve -malheureusement -qu'elle a eu de la chance...

Je suis d'accord avec vous, quand je parle de s'accrocher, c'est pour lire le procès, c'est dur en vieux français pour moi ! ^^

Citation :

ps.- Vanryk Vanrik ! ^^

Milles excuses !

c'est tres interessant vraiment , tu parles des gens du voyage qu'on apprecie pas et qui sont en marge de la société mais c'est encore parfois le cas de nos jour

je vais suivre ton sujet avec attention

Merci beaucoup, Dame Eowyn.

Vous avez raison, les gens que l'on ne connait pas, les marginaux, les gens hors de la socièté, ont toujours fait peur parce qu'ils sont différent et que certaines personnes ne comprennent et n'acceptent pas la différence. C'est ce que l'on (bon je dit toujours "on" parce qu'un TPE se fait à deux, je ne suis donc pas seule à avoir fait les recherches!) essaie de démontrer avec notre problèmatique: La chasse aux sorcières est-elle une chasse à la différence?


Si l'on y pense la "chasse aux sorcières" existe encore de nos jours, sous une autre forme (on en parlara un peu dans la conclusion).

Mais je crois que je me suis laissé emportée sur le terrain miné des HS, aïe, aïe, aïe, je risque la censure!^^ Je laisse le soin aux administrateurs de gérer mes propos si ils les jugent déplacés, merci !

Vanryk a écrit:

lunaewen a écrit:

moi je trouve -malheureusement -qu'elle a eu de la chance...

Voilà qui est bien méchant ...c'est son pauvre chat le malheureux

Mmmm, il y a de fortes chances que le chat soit mort de mort naturelle, ou même point mort du tout... Rien qu'en imaginant ce qu'elle a du subir avant d'avouer.... Moi j'aurais avoué n'importe quoi!

Alyn a écrit:

Citation :

Pourquoi s'accrocher? Juste brulée, moi je trouve -malheureusement -qu'elle a eu de la chance...

Je suis d'accord avec vous, quand je parle de s'accrocher, c'est pour lire le procès, c'est dur en vieux français pour moi ! ^^

Ahhhh! oui au temps pour moi c'est que j'ai l'habitude! (et aussi que ce n'est pas de l'ancien français, mais du français tout ce qu'il y a de plus classique - c'est à dire XVIIe siècle). Mais un peu populaire, il est vrai, ce qui ajoute à la difficulté car il se rapproche un peu encore de la langue du XVIe siècle.
D'ailleurs il y a des tournures et une orthographe parfois étranges. Je soupçonne la personne qui l'a édité ou recopié d'avoir voulu faire "ancien"...
Néanmoins, il y a des choses qui ont l'air bien, donc je ne sais pas trop...
Vous auriez le lien Messire Vanryk (pour assouvir ma curiosité et arrêter de vous 'spammer' avec mes interrogations existentielles?)

[EDIT (02/02/10)]

Bonsoir, j'ai pu m'entretenir avec l'historien qui m'a fait connaître le texte.
Je peux confirmer qu'il est bien daté et qu'il est transcrit par Steeve Lambrigger. Certains termes sont parfois abrégés ou manquant, Lambrigger les a alors modifié/rajouté. Par ailleurs, quelques fautes de frappe sont surement présentes, je m'en excuse .
Et normalement, aucun lien internet (mis à part FMF) n'est disponible pour la lecture de ce texte.

Voilà :p
Bonne soirée,
Sire Vanryk

Bonjour Alyn !
Oui c'est un sujet de TPE tres interessant.

( a l"'époque" le miens etait tout pourri...j'aurais pu mieux faire !)

J'avoue ne pas avoir lu tout les messages qui précèdent le miens mais peut-etre as-tu lu le bouquin dont je parle dans la rubrique bibliothèque.

Danse avec le Diable, Une histoire des sorcières.


Qui, en effet, atteste aussi de la sorcellerie depuis la nuit des temps...enfin..."sorcellerie", simplement des croyances païennes, en général.

Ce bouquin pourrait peut-être t'aider dans tes recherches !

Bon courage !

Merci beaucoup Delwyn!

Je vais voir si je peux me le procurer !

Merci Vanryk

Voilà la pertie II ! Désolée d'avoir tant tardé

En complément, je vous conseille le post dur la condition des femmes au Moyen-âge, c'est trés interessant, le point de vue et la façon d'border le sujet n'est pas la même que la mienne. Ca donnera une vision plus exhaustive.




a- Selon l'historien Jules Michelet, « pour un sorcier, 10 000 sorcières », pourquoi ces persécutions infondées visaient elles particulièrement les femmes?



A cette époque l'Eglise vouait une haine à la femme, elle l'a toujours considérée comme inférieure aux hommes. Les prêtres qui avaient fait vœux de célibat lors de leur entrée dans les ordres se laisseraient bien tenter. La femme est alors considérée comme une tentatrice.« La créature qui était sous mes yeux était d 'une beauté surhumaine qui ne peut venir que du ciel ou de l'enfer, C'était un ange! Mais de ténèbres, mais de flamme, non de lumière[...] alors j'entrevis le piège du démon, et je ne doutai plus que tu vinsses de l'enfer et que tu ne vinsses pour ma perdition! » (N-D-P, Victor Hugo), elle est une envoyée du diable. D'ailleurs, elle a toujours eu le mauvais rôle dans les récits bibliques, en particulier les femmes qui s'émancipaient. On peu dans ce cas, citer Lilith, qui dans certains écrits de la Bible était mentionnée comme la première femme d'Adam, que Dieu aurait crée comme son égal, Lilith qui s'était émancipée d'Adam est maintenant reconnue comme étant la mère de tous les démons, elle est ensuite vite remplacée par Eve crée à partir d'une côte d'Adam ce qui montre bien son infériorité vis à vis de l'homme, Eve est l'image même de la femme soumise à son mari. Ainsi pour l'Eglise, Lilith est l'erreur de Dieu qui démontre que la femme ne peut être l'égale de l'homme, car elle n'en serait que sa Némésis, pour un équilibre stable la femme doit être soumise à l'homme. On a aussi le cas de Marie Madeleine, considérée comme une prostituée, alors que certaines versions tendent à dire qu'elle serait en fait la femme de Jésus, d'ailleurs on a récement retrouvé dans la bibliothèque de Nag Hammadi un évangile selon Marie Madeleine et entre autre un évangile selon Philippe où il parle des liens sacrés du mariage et où il désigne clairement Marie Madeleine comme étant la compagne de Jésus. D'autre part, les prêtres étant les serviteurs de Dieu, les serviteurs du Diable ne peuvent être que leur contraires: des femmes peu vertueuses et tentatrices... On peut se demander si l'Église n'a pas voulut organiser un véritable « sexocide » envers les femmes qu'elle haïssait tant, pour « purifier » la « race catholique » en supprimant toutes les Lilith pour ne garder que les Eve. Il est fort possible que des hommes se soient servi de ce prétexte de sorcellerie comme d'une cruelle punition envers les femmes qui osaient remettent en question leur autorité ou leur refuser quoi que ce soit, le bûcher était alors le meilleur moyen de soumettre ces femmes terrifiées et ainsi flatter leur égaux.





Adam et Eve



Lilith





Marie Madeleine







b- Les persécutions sont nombreuses, on estime à 50 000 le nombre de victimes et toutes perpétrées au nom de la religion qui voulait tout contrôler, les modes de vie et les croyances. Selon certaines hypothèses, avant que la religion d'un seul Dieu ne s'implante en Europe médiévale et dans le monde, à la place de la théologie, c'est la théalologie qui dominait, nous avions alors non pas un Dieu mais une Déesse, d'ailleurs on l'a déjà dit plus haut, avant les femmes étaient considérées comme sacrées. Lorsque ces religions patriarcales se sont mises en place, pour assouvir leurs dominations, il fallait gommer les traces des anciens cultes païens, du Culte de la Déesse,en supprimant ses adeptes féminines ou ses prêtresses, mais aussi en évangélisant quelques unes de ses femmes vénérées qui prenaient trop d'importance pour les supprimer, c'était alors la seule façon de les oublier. On peut ainsi citer la Déesse celte Brigit, canonisée en Sainte Brigitte.

Au moyen-âge l'Église hésite à décréter la réalité de la sorcellerie. Au Vème siècle, Clovis rédige la lex salica ou loi salique où il condamne déjà les pratiques de sorcellerie: « une sorcière qui aura mangée de la chair humaine et sera convaincue de ce crime paillera huit milles deniers c'est à dire deux cent sols d'or », et en 690, Withraed, roi du Kent écrit une loi qui stipule: «  Si un sorcier fait offrande au démon qu'il fasse un don de six shillings ou qu'il paye de sa peau »?On est alors indulgent avec les sorcières, on essaie simplement de les remettre dans le droit chemin. Mais les croyants sont de plus en plus persuadés de leur vérité et comme on le sait lorsque l'on est persuadé de sa propre vérité, il est difficile d'en concevoir une autre ailleurs.Ce n'est qu'à partir du XIV ème siècle, lors de l'étendue du christianisme, que les sorcières furent diabolisées et persécutées. au XVème siècle, le Malleus Malleficarum, ou marteau des sorcières est publié, c'est une sorte de manuel qui apprend aux Inquisiteurs et aux juges à débusquer ces femmes appelées « sorcières », les juger, les faire avouer, les torturer et à ne pas se laisser envouter. Elles y sont décrites comme des êtres horribles, pratiquant des rites cruels et pactisant avec le Diable. Le Diable, c'est a ce moment que l'on en fait des représentations, souvent un bouc, cornu, une apparence empreintée au dieu grec de la fertilité (Pan), la fertilité qui était vénérée dans le culte de la Déesse, d'ailleurs la Wicca, religion néo-païenne a adopté le « dieu cornu », époux de la Déesse. C'est ainsi que Goya le peint le diable sur son tableau: « le sabbat des sorcières », mais qu'est-ce le sabbat? On dit que c'est une assemblée nocturne, pratiquée la veille des jours saints et menée par des sorcières où elles pratiquaient des cérémonies païennes voir même des orgies. Des messes noires, des assemblées du Diable, on leur donnait diverses formes. D'où vient alors cette croyance du Sabbat, puisqu'il nous ai impossible de croire que des sorcières rencontraient le Diable lors de leurs assemblées, la veilles de jours saints et mangeaient des nouveaux nés? Il est possible que certaines femmes continuaient la pratique du culte de la Déesse ou simplement qu'elle viennent s'y échanger leurs recettes de guérisseuse. Il se pourrait encore qu'il soit une forme de rébellion face au société patriarcales qui prennent trop d'ampleur, ce sont alors des messes noires, l'inverse des messes célébrées dans les lieux de culte. On peut aussi y voir une façon dangereuse de s'amuser, après une dure journée de labeurs, l'on veut se détendre autour d'un feu de joie pour partager un festin, on y ajoute l'alcool et les drogues parfois hallucinogènes, qui vous font voir m'importe quoi, et parfois un petit plaisantin se déguise en bouc.


Sainte Brigite




La sabbat, Goya


c- Les sociétés patriarcales menaient une politique de propagande pour insuffler une haine et un sentiment de terreur envers ces femmes que l'on appelait sorcières. De ce fait si le moindre doute subsistait on n'hésitait pas à dénoncer, par crainte. L'image de la sorcière apparaissait comme particulièrement horrible. Cannibale, mangeuse d'enfants, anthropophage et nécrophile, on dit qu'elle participait à des sabbats, assemblée où se déroulaient les pires orgies et crimes. Ainsi, tous les maux et malheurs étaient fautes des sorcière, la science n'étant pas là pour expliquer, les sorcières étaient les bouc émissaires. Lorsqu'un homme devenait impuissant, on disait qu'une sorcière lui avait noué l'aiguillette, si un chien hurlait à mort, si un bébé pleurait la nuit c'était la faute de la sorcière, un autre disparaissait, c'était encore cette ogresse, elle faisait mourir le bétail et les récolte.
Les sorcière étaient considérées comme les servantes du diable, à l'opposé des prêtes, qui sont les serviteurs de Dieu, on devait donc punir ces servantes qui avaient alors tous les vices, puisqu'on ne pouvait atteindre le maître. Les prêtres dans leur sermons dénonçaient la sorcellerie. D'ailleurs ceux ci furent très mécontents de la mode des coiffes à cornes et hennins qu'ils assimilaient aux cornes du diable.


Vision du sabbat des sorcières



Coiffes à cornes et hénins




(le c : les autres victimes des persécutions a été remplacé par c: une politique de propagande à l'encontre de la sorcière, mais si vous avez des infos sur les autres victimes, je vous invite à les poster!)

Au Moyen Age, les chasses aux sorcières n'étaient pas aussi nombreuses qu'on le croit . Ce serait plutôt pendant la Renaissance, au moment où une grave crise religieuse secoue l'Occident, avec le développement des idées luthériennes et calvinistes. A ce moment là, les chasses aux sorcières se sont multipliées. Dans ce cas, le droit séculier a été plus prolixe dans la fabrique de boucs émissaires et s'est avéré bien plus meurtrier que l'Eglise elle même.

Le Moyen Age n'était pas entièrement hostile à la magie. Les clercs instruits la pratiquaient et lisaient les grimoires, rédigés en latin, afin d'évoquer le démon. Dans le village, le sorcier (ou la sorcière) faisait office de rebouteux et de guérisseur utile à la communauté. Même si parfois ils pouvaient subir la vindicte publique, les bûchers n'étaient pas allumés systématiquement.

Il est vrai que dès le XII - XIII eme siècle, avec la montée des hérésies et notamment de l'hérésie cathare, les sorciers commencent à être perçus comme appartenant à des sectes hostiles à la chrétienté et donc à la légitimité de l'Eglise.

La plus ancienne chasse aux sorcière se situe en Rhénanie vers les années 1220-30. L'Inquisiteur de Germanie, Conrad de Marburg est persuadé qu'une secte infernale, les Lucéfériens, sévit dans les environs. Avec l'aide de 2 complices louches, il extorque des aveux sous la torture aux soit disant hérétiques qu'il a reconnu par un simple coup d'oeil ! Cette chasse tourne court lorsqu'il s'en prend à un puissant, le comte Heinrich von Sayn: les témoins se rétractent. Peu de temps après, Conrad est assassiné dans des circonstances obscures et les Lucifériens -qui n'ont jamais existé - disparaissent avec lui.

Plus alarmant est le cas des Vaudois à la fin du XIV eme siècle. Réfugiés dans les régions alpines, ces vaudois inquiètent les autorités locales qui entreprennent de véritables chasses aux sorcières et les exécutent à tour de bras. La persécution concerne non pas des personnes isolées ou marginales mais des paysans aisés, dénoncés par leurs voisins ou leurs proches qui règlent ainsi des querelles de famille ou de bornage.
La contamination s'étend sur les régions voisines jusqu'en France. En 1459, dans la région d' Arras, un ermite condamné au bûcher pour sorcellerie va dénoncer ses "complices", une prostituée et un homme poète et peintre. La municipalité, par la torture, attend des aveux mais aussi de nouveaux complices. Et comme sous la torture, on avoue tout ce que l'on veut, la gangrène se répand. Les juges s'en prennent à un aristocrate, Colard de Beaufort: grossière erreur de nos juges zélés! Les parents vont plaider sa cause auprès de Philippe le Bon et le Parlement de Paris prendra en charge l'affaire. Les inquisiteurs perdent ainsi leurs soutiens et les victimes seront réhabilitées 30 ans plus tard.

Pour qu'une chasse aux sorcière se fasse, il faut des inquisiteurs fanatiques ayant une liberté d'action, l'appui des autorités locales ou royales ainsi que celle de la population. Tout à fait possible dans le contexte de crise et de folie religieuse propre à la Renaissance: les réformés et les catholiques se traitent mutuellement de suppôts de Satan. De même le juif, l'étranger, l'anormal, le différent et la femme, objets de méfiances et mépris, sont soupçonnés de menacer la tranquillité publique et l'Etat.

De 1480 à 1520, les tribunaux de l'Inquisition ouvrent le bal puis entre 1580 et 1630, les pouvoirs publics vont envoyer des milliers d'innocents au bûcher et sont beaucoup plus vindicatifs.
Par exemple en Italie et en Espagne, il y a eu en tout et pour tout 1 300 innocents condamnés par l'Eglise, davantage formée et plus réfléchie. Rien qu'en Allemagne et en Suisse, les procès séculiers ont fait 35 000 victimes, soit 27 fois plus!!!
Que ce soit en terre catholique ou réformée, les chambres criminelles adhèrent aux pires sornettes, issues d'accusations sans fondement et dont les mobiles ne sont pas toujours louables ( vengeance personnelle , intérêts pécuniaires etc.) Les délateurs ne sont pas toujours dupes de ces soit disant maléfices mais quelles pieuses excuses à leur crapuleries! En Finlande, 13 villageoises sont mises à mort sur les accusations d'une mendiante qui s’avérera être complètement folle à lier!

Ces rêveries absurdes, cette hystérie collective, cette panique incontrôlable a ,pendant 150 ans, envoyé des gens à la corde et au bûcher .... Bûchers qui ne s'éteindront en France qu'au temps du Roi Soleil.

Les victimes sont bien sûr les femmes ( 7 à 9 sur 10), de 10 à 100 ans, célibataires (sans mari donc ouvertes au démon) , en particulier plutôt veuves et âgées, de niveau social assez bas, venant de la campagne ( mort du bétail, faire grêler...sont des maléfices courants)