La guiterne est une petite guitare. Elle apparait pour la première fois sur des enluminures du 13éme siècle, ce qui laisse penser que c'est un instrument nouveau, à l'époque, ou tout au moins une évolution récente. Sa taille moyenne est d'environ 45 centimètres et son corps est taillé dans un seul bloc de bois. Cette méthode se nomme "monoxyle".
Cet instrument apparait pour la première fois en Espagne, ce qui laisse présager une origine soit Andalouse, soit directement Arabe. Plus vraisemblablement un métissage des deux.
Jusque-là, les troubadours utilisaient le luth d'origine romaine. Cet cet instrument qui va se diviser en deux branches très distinctes:
- Le luth méditerranéen, qui possède une caisse de résonance importante formée de plusieurs planchettes collées.
- La guiterne ,de petite taille et au registre nettement plus aigu.
La fabrication de cet instrument ne demande pas d'outils spécialisés mais une grande habileté.
La préparation grossière du corps se fait à la hache.
Une fois que la forme et débitée, il faut la creuser. On attaque ce travail à l'herminette.
Puis on le fignole à la gouge et au ciseau.
Voici le corps de l'instrument brute d'herminette. Le travail est encore assez grossier.
La crosse est sculptée en tête de bélier. Il existe bien sur une infinité de styles, zoomorphes ou grotesques. Le motif a son importance car il donne à l'instrument son caractère esthétique, voir sa dimension magique. Vient ensuite le collage de la table. On voit que l'aspect intérieur a été nettement amélioré par le travail à la gouge.
Pour avoir une bonne portance, le contour est fini au rabot. La colle est bien entendu naturelle, colle de peau, d'os... ou de fromage.
Voici la rosace de l'instrument. Il en existe de bien plus travaillées. Puis l'artisan dégrossit les chevilles. Les trous qui vont les recevoir sont percés à l'aide d'un foret conique appelé "lousse".
Le polissage du corps se fait d'abord au grattoir, puis à la pierre ponce. Pour l'esthétique du bois et sa protection, l'usage de l'huile de lin et le plus répandu.
Il ne reste plus qu'à installer les cordes en boyau grâce à trois pitons plantés sur l'arrondi frontal du corps. Le modèle présenté porte six cordes mais il en existe de plus simple avec seulement quatre cordes.
Le chevalet est positionné sur la plus grande largeur du corps.
Voici un très bel exemple de cet instrument.
La guiterne se rencontrait des coures les plus fastueuses aux tavernes les plus sombres. Pour preuve, on en joue à la taverne du lutin borgne, en foret de Puck, et ce n'est pas un endroit très recommandable!
Toutes les photos de cet exposé proviennent de la revue Histoire et Images Médiévales