J'avais chaud, sur mon visage se mélaient mes larmes et ma sueur. Le capuchon sombre et chaud qu'ils avaient placé sur ma tête m'empêchait de respirer tout autant que cette corde qui m'enserrait le cou.
Je fût tiré en avant, une main se posa sur mon crâne bourdonnant.
Il tira le capuchon en libérant la corde et il m'apparût. Son visage était beau, encadré par de fins cheveux blonds et longs. On aurait dit un ange. Ses lèvres esquissèrent un sourire de pitié. "Cela n'a rien de personel" me dit-il en appuyant fortement sur mes épaules, jusqu'à ce que je me couche contre le billot.
Il installa ma tête de façon à ce que je voye la foule se presser contre l'estrade. La populasse était silencieuse, mais je ne pouvais voir au fond de ses yeux la haine qui la rongeait et le plaisir qui la pénétrait dans l'attente de voir ma tête rouler.
Il approcha la guillotine au dessus et au dessous de mon cou, puis installa le panier sous ma tête.
Comment en étais-je arrivé là. Moi que Dieu avait béni. Il m'avait reconnu comme l'un de ses représentants. J'étais sa voix et son corps sur terre, sa royauté m'avait échue dès la naissance. Bien que ma femme ne fût qu'une prostituée, bien que les nantis de mon entourage cernaient mon fils comme les requins cernent le dauphin apeuré, je n'avais, quant à moi, fait aucun mal au monde. Je jouait seul avec mes clefs et mes serrures sans imposer mon autorité au peuple. Et pourtant, Dieu m'avait abandonné.
Ils avaient pris mes gens, les avaients pendus ou guillotinés. Simplements, sans conviction, juste avec un peu de fureur malsaine.
J'avais fuis, mais ils m'avaient repris. Ils m'avaient enfermé dans cette cave humide et froide. Ils m'avaient laissé croupir comme le dernier des manants.
Hier, ils m'ont permit de me rendre dans une chapelle pour soit disant expier mes fautes. Quelles fautes, qu'avais-je donc fait pour mériter cette mort incidieuse. En pénétrant dans la chapelle, je m'agenouillait devant la Croix, implorant la Sainte Trinité, la Vierge Marie, les anges et tous les Saints. Tout à coup, une lumière diaphane descendit du vitrail. Une onde bénéfique m'envahisait, j'entendais la voix des anges. J'implorais Dieu: "Seigneur, qu'ai-je donc fait pour que vous me retiriez votre protection. Quels péchés ignobles ai-je commis.". Une voix douceureuse me répondit dans un souffle divin: "Il faut bien que le monde change Louis."
Ces mots résonnaient encore dans ma tête quand la lame trancha mon cou........."
Témoignage du 21 Janvier 1793.