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 Légende du Roi Arthur par Bernard Cornwell

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Ace
Chevalier de la Confrérie
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MessageSujet: Légende du Roi Arthur par Bernard Cornwell   Légende du Roi Arthur par Bernard Cornwell Icon_m18Ven 10 Nov 2006 - 14:36

Récupéré de l'ancien Forum

Cirwen a écrit:

"Que la période arthurienne de l'histoire britannique soit connue sous le nom d'Âge des Ténèbres (En anglais, Dark Ages, littéralement "Temps obscurs ou temps de ténèbres", expression qui correspond au "haut Moyen-äge" des historiens françcais.) n'est guère surprenant puisque on ne sait presque rien des évenements et des personnalités de cette époque. On ne saurait même avoir la certitude qu'Arthur ait jamais existé, même s'il est somme toute probable qu'un grand héros breton, dénommé Arthur - Artur ou Artorius-, ait momentanément tenu en échec les envahisseurs Saxons dans les premières années du VIe siècle de notre ère. Dans les années 540, Gildas a composé une chronique de ce conflit sous le titre De Excidio et Conquestu Britanniae. Mais, loin de nous renseigner sur les exploits d"'Arthur, Gildas n'indique même pas son nom. Ceux qui contestent son existe,ce ne manque jamais de le souligner.
Reste qu'il subsiste des traces anciennes d'Arthur. Au milieu du VIe siècle, alors même que Gildas rédigeait son histoire, les documents qui ont survécu attestent l'existence d'un nombre étonnant et atypique d'hommes répondant au nom d'Arthur - suggérant un engouement soudain pour le nom d'un homme fameux et puissant.Cet indice n'est guère concluant, tout comme la première référence littéraire à Arthur, une allusion rapide que l'on trouve dans le grand poème épique, Y Gododdin, composé autours de l'an 600 pour y célébrer une bataille entre les Bretons du Nord -"une cohue gavée d'hydromel"- et les Saxons, mais de nombreux spécialistes pensent que cette référence à Arthur est une interpolation beaucoup plus tardive.
Après cette unique mention douteuse du Y Gododdin, il nous faut attendre encore 200 ans pour retrouver Arthur dans la chronique d'un hisorien: une lacune qui affaiblit l'autorité de la preuve quand bien même Nennius , qui compila son histoire des bretons dans les toutes dernières années du VIIIe siècle, fait grand cas d'Arthur. Fait significatif, Nennius ne lui donne jamais le nom de roi, mais le décrit plutot comme le Dux Bellorum, le Chef des Batailles- titre que j'ai rendu ici par "Seigneur de la Guerre". Nennius s'inspirait certainement d'anciens contes populaires - source féconde qui ne cessa d'inspirer de nouvelles moutures, de plus en plus fréquentes, de l'épopée arthurienne, mouvement qui atteignit son zénith au XIIe siècle, lorsque deux auteurs de pays différents firent d'Arthur un héros universel. En Grande-Bretagne, Geoffrey de Monmouth écrivit sa merveilleuse et mythique Historia Regum Britanniae tandis qu'en France le poète Chrétien de Troyes introduisit, entre autres, dans le mélange royal les noms de Lancelot et de Camelot. Le nom de Camelot a sans doute été une pure invention (ou une adaptation arbitraire de Camulodunum, le nom romain de Colchester), mais autrement Chrétien de Troyes s'est très certainement nourri des mythes brtons qui, comme les klégendes galloises qui nourrissent l'histoire de Geoffrey, avaient pu conserver des souvenirs authentiques d'un ancien héros. Puis au XVe siècle, Sir Thomas Malory écrivit le Morte d'Arthur qui est la proto-version de notre fambloyante légende Arthurienne, avec le Saint Graal, la table ronde, et son cortège de demoiselles lestes, de bêtes en quête, de puissants magiciens, et d'épées enchantées.

Probablement est-il impossible de démêler la vérité d'Arthur d'une aussi riche tradition, bien que beaucoup s'y soient essayés, et nul doute que beaucoup s'y essaieront encore. On a fait d'Arthur un homme du Nord ou de l'Essex ou encore un West Countryman. Un ouvrage récent l'identifie expressément à un souverain gallois du VIe siècle, un dénommé Owain Ddantgwyn, mais comme les auteurs signalent ensuite qu'"on ne sait rien de cet Owain Ddantgwyn", on est pas plus avancé. Dans Camelot, on a diversement reconnu Carlise, Winchester, South Cadbury, Colchester, et une douzaine d'autres cités. Mon choix, en l'occurence (ici il parle de son livre), relève du pur caprice et s'appuie sur la certitude que la question demeurera sans réponse. J'ai donné à Camelot le nom imaginaire de Caer Cadarn et je l'ai situé à South Cadbury, dans le Somerset, non que je tienne ce site pour le plus probable (je ne le tiens pas pour le moins vraisembable non plus), mais parce que je le connais et j'aime ce coin de la Grandre-Bretagne. Fouillons autant qu'il nous plaira: la seule chose que nous puissions déduire avec certitude de l'histoire, c'est qu'un dénommé Arthur vécut probablement aux Ve et VIe siècle, qu'il fut un grand chef de guerre même s'il ne fut jamais roi, et qu'il livra ses plus grandes batailles contre les abominables envahisseurs saxons.
Mais si nous savons fort peu de chose d'Arthur, il y a beaucoup à tirer de l'époque à laquelle il a probablement vécu. La Bretagne des Ve et VI siècles devait être un pays horrible. Les Romains, qui le protégeaient, se retirèrent au début du Ve siècle et les Bretons romanisés se retrouvèrent ainsi abandonnés à un cercle d'ennemis redoutables. De l'ouest venaient les maraudeurs irlandais : des Celtes, proches parents des Bretons, mais tout de même envahisseurs, colonisateurs et esclavagistes. Au Nord, vivait l'étrange peuple des Scottish Higlands, qui étaient toujours prêts à lancer des razzias destructrices dasn le sud, mais aucun de ces ennemis n'était aussi craint que les Saxons, honnis entre tous, qui commencèrent par piller l'est de la Bretagne avant de le coloniser et de s'en emparer, puis se lancèrent à la conquête du coeur de la Bretagne, qu'ils rebaptiqèrent du nom d'"Angleterre".
Face à ses ennemis, les Bretons étaient loin d'être unis. Leurs royaumes sembvlent avoir mis autant d'énergie à se combattre les uns les autres qu'à contrer l'envahisseur, et sans doute étaient ils aussi idéologiquement partagés.A l'héritage de Rome - droit, industrie, savoir et religion- devaient s'opposer les nombreuses traditions indigènes violemment réprimées au cours de la longue occupation romaine, mais qui n'avaient jamais entièrement disparu. Parmi celles-ci, le druidisme occupaint une place de choix. Les Romains écrasèrent le druidisme en raison de ses accointances avec le nationnalisme breton - donc antiromain - et ils essayèrent de le remplacer par un fouillis d'autres religions, dont naturellement le christianisme. Chez les spécialistes, l'idée prévaut que celui-ci était largement répandu en Bretagne après l'occupation romaine (quand bien même il s'agirait d'un christianisme peu familier aux esprits modernes), mais le paganisme y était sans doute également vivant, surtout dans les campagnes ( le mot païen vient du latin paganus, qui désigne les gens de la campagne) . Et, avec l'effondrement de l'état post-romain, les hommes et les femmes de ce pays durent se raccrocher aux puissances qui s'offraient à eux. Il s'est trouvé au moins un chercheur moderne pour suggérer que le christianisme s'accomoda heureusement des vestiges du druidisme breton et que les deux confessions coexistèrent pacifiquement, mais la tolérence n'ayant jamais été le frt de l'Eglise, ses conclusions me laissent sceptique. Ma conviction, c'est que la Bretagne d'Arthur n'était pas moins déchirée par les dissensions religieuses que par les invasions et les conflits politiques. Avec le temps bien sûr, les récits arthuriens ont pris une forte coloration chrétienne, surtout dans leur obsession du Graal, même s'il est permis de douter qu'Arthur ait jamais eu connaissance d'un tel calice.
Il se pourrait toutefois que la légendaire Quête du Graalne fût pas entièrement une fabrication tardive tant les ressemblances sont frappantes avec d'autres contes populaires celtiques de guerriers en quête de chaudrons magiques : des légendes païennes sur lesquelles les auteurs chrétiens devaient ensuite gloser pieusement, comme sur tant d'autres aspect de la mythologie arthurienne, enfouissant ainsi une tradition beaucoup plus vieille, qui n'apparaît plus aujourd'hui que dans les vies forts anciennes et obscures de saints celtes. Fait surprenant, cette tradition dépeint Arthur sous les traits d'unscélérat et d'un ennemi du christianisme. L'Eglise celte, à ce qu'il semble, n'aimait guère Arthur et, à lire les vies de saints, on en devine la raison: il aurait confisqué l'argent de l'Eglise pour financer ses guerres - ce qui expliquerait pourquoi Gildas, un écclésiastique et l'historien le plus proche d'Arthur -refuse de lui faire crédit des victoires bretonnes qui freinèrent temporairement l'avancée des Saxons.

La Sainte-Epine, bien sûr, aurait existé à Ynys Wydryn (Glastonbury), si nous croyons la légende suivant laquelle Joseph d'Arimathie aurait apporté le Saint-Graal à Glastonbury en l'an 63 de notre ère. Mais cette histoire n'apparait en réalité qu'au XIIe siècle (...)Lorsque j'entrepris ce livre, j'étais bien décidé à en exclure tout anachronisme, y compris les broderies de Chrétien de Troyes, mais ce purisme aurait exclu Lancelot, Galahad, Excalibur et Camelot, sans parler de personnages tels que Merlin, Morgane et Nimue. Merlin a-t'il existé? Les preuves sont moins probantes encore que pour Arthur, et il est hautement improbable qu'ils aient coexisté; reste qu'ils sont inséparables, et il m'a paru impossible de laisser Merlin sur la touche. En revanche, je me suis délesté avec plaisir de maints anachronismes : le Arthur du Ve siècle ne porte donc pas d'armure à plates ni de lance médiévale. Il n'a point de table ronde, même si, à la manière celtique, ses guerriers (non ses chevaliers) s'asseyaient souvent en rond sur le sol. Loin de s'élever en majestueuses tourelles de pierre, ses chateaux étaient de terre et de bois, et je doute fort qu'un brasvêtu de samit blanc, mystique et prodigieux, ait jamais surgi de la brume pour livrer son épée à l'éternité, même s'il est quasi certain que, à la mort d'un grand chef, ses trésors personnels étaient je tés dans un lac, en offrande aux Dieux.

Les noms des prsonnages sont pour la plupart empruntés aux chroniques des Ve et VIe siècles, mais nous ne savons presque rien des hommes auxquels ces noms s'attachaient, de même que nous savons fort peu de chose des royaumes post-romains de la Bretagne : de fait, les historiens modernes divergent jusque sur le nombre desdits royaumes. La Dumnonie a existé, de même que le Powys, tandis que le narrateur, Derfel (...) apparait dans certaines légendes primitives comme l'un des guerriers d'Arthur. Il est dit aussi qu'il se fit moine par la suite, mais on ne sait rien d'autre à son sujet. D'autres, comme l'êveque Sansum, ont indubitablement existé et demeurent aujourd'hui encore connus comme des saints, mais il semble que la vertu n'était pas le fort de ces saints hommes des premiers siècles.

Le Roi de l'hiver est donc un récit médiéval, dans lequel la légende et l'imagination doivent suppléer au manque de sources historiques. Le contexte historique général est à peu près la seule chose dont on puisse être passablement certain : une Bretagne dans laquelle les cités, les voies, les villas et, dans une certaine mesure, les moeurs romains sont encore présentes, mais aussi un pays vite détruit par l'invasion et les déchirements civils. Quelques uns des Brtons avaient déjà abandonné la bataille pour s'établir en armorique (la Bretagne), ce qui explique la persistance des légendes arthuriennes dans cette région de la France. Mais pour les Bretons restés dans leur île chérie, ce fut un temps de quête désespérée du salut, tant spirituel que militaire, et dans ce payx malheureux surgit un homme qui, au moins pour quelques temps, repoussa l'ennemi. Cet homme est mon Arthur : un grand seigneur de la guerre et un héros qui se battit si bien que, alors que toutes les chances étaient contre lui, quinze siècles plus tard ses ennemis chérissent encore et vénèrent sa mémoire...


Bernard Cornwell, Le roi de l'hiver
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