Forum Médiéval Fantastique
Vous souhaitez réagir à ce message ? Créez un compte en quelques clics ou connectez-vous pour continuer.

Forum Médiéval Fantastique

Forum de discussion autour du Moyen-âge et du Médiéval fantastique
Graphismes et Design réalisés par Ace, logo FMF par Duchesse de Bretagne, logo Qui est en Ligne par Diane de Brocéliande.
 
AccueilAccueil  PortailPortail  RechercherRechercher  S'enregistrerS'enregistrer  MusiqueMusique  ConnexionConnexion  
Le deal à ne pas rater :
Funko POP! Jumbo One Piece Kaido Dragon Form : où l’acheter ?
Voir le deal

 

 Ca fait peur....

Aller en bas 
2 participants
AuteurMessage
Ganelon
Baron, Baronne
Baron, Baronne
Ganelon


Nombre de messages : 457
Age : 41
Lieu d'origine : Montpellier
Date d'inscription : 29/09/2004

Ca fait peur.... Empty
MessageSujet: Ca fait peur....   Ca fait peur.... Icon_m18Mer 29 Nov 2006 - 17:26

Un article trouvé sur un webzine de métal sombre , dénoncant M6 pour ses interviews toujorus aussi merdique les uns que les autres et bien sur cliché au possible. Tout ce qu"il veulent c'est faire peur à une population non avertie...

je vous laisse lire Neutral

"Satanisme : l'exemple télévisé d'une mauvaise jeunesse"

Un exemple récent de l'intérêt que semble porter la presse télévisuelle dite "informative" au phénomène du Metal extrême vient de se produire. Il a été porté à l'appréciation d'un large public via le numéro de l'émission "Zone Interdite" en date du dimanche 8 octobre 2006, présenté par Melissa Theuriau.

Le quatrième reportage de cette émission suivait trois autres chapitres eux aussi consacrés à ces "bizarreries comportementales" de la jeunesse :
- Chapitre I : "Les nouvelles lolitas japonaises sont en France". Durant le reportage est évoqué furtivement le cas de "gothic lolitas". De plein pied, nous entrons dans l'ère de l'étiquette et de tous les fantasmes qui s'y rattachent. Les choses ne traînent pas.
- Chapitre II : "Les dangers de la provocation", ou les jeunes filles de treize ans qui en paraissent dix-huit. Attention aux mecs, les filles !
Hum. Zone interdite, quoi.
- Chapitre III : "Piercing et tatoos", ou les jeunes qui aiment modifier leur corps. Mais pourquoi donc ? Est-ce grave docteur ? Et pourquoi ce jeune-là choisit-il de recourir à une suspension par le dos ? Nous n'aurons pas réellement d'explication. « Une recherche de l'embrassade maternelle, du soutien du parent », s'aventurera le commentateur et (de mémoire) psy, présent en plateau. Le plus important restera à ce sujet la question suivante : « Jusqu'où cela peut-il aller ? » Et la conclusion, inévitable : « Attention, DANGER ». Le commentaire donné en plateau par le psychologue convié par la production consistera (fatalement, et on se met à sa place) à donner un regard de type globalisant, à partir de quelques témoignages individuels mis en avant dans les reportages. Cette propension à tirer du particulier des enseignements généraux, donne à comprendre les mécanismes sur lesquels s'est appuyée la production : d'évidence, un relief sera offert à un propos disséminant des vérités d'ordre général, à partir de cas individuels. Le grand classique.

"Zone Interdite", en l'espace des trois premiers reportages sus cités, a présenté un corpus d'inquiétudes communes. Ces dernières procèdent d'un fait de société, suffisamment mineur pour se faire remarquer : l'affirmation de soi est en effet une étape liée à l'adolescence (ou du moins, fréquemment). Elle génère un panel de comportements divers et variés, dont certains se font remarquer plus que d'autres. Pour des raisons qui tiennent au vestimentaire ; ou, de manière générale, à l'attitude, au comportement. Cette quête de soi passe par l'adhésion ou hors de l'adhésion aux concepts et propositions de la société marchande (et du bon goût que, on suppose, cela implique). Dans chaque cas, elle aboutit à une affirmation par l'individu de sa propre "spécialité", phénomène qui aboutit à une revendication d'autant plus remarquable si elle traduit l'adhésion à un phénomène culturel minoritaire, de manière plus générale une "singularité". Rien ici de particulièrement notable, si ce n'est une propension de l'individu à vouloir "exister".
Rien que de très légitime, en somme. Le minimum syndical, preuve d'une forme de conscience.

Or, ce que nous voyons ici comme un phénomène légitime, voir naturel et irrépressible ("être", pour tout dire), semble poser souci. C'est sur cette "spécialité" que chaque reportage de M6 portait en ce dimanche soir d'octobre un regard teinté d'inquiétude. Ce regard tâchait de caler son discours sur le corps des appréhensions parentales dont on ne conteste, ici, nullement la légitimité. Le bon parent est celui qui tâche de porter un regard sur son enfant, nul n'en doute (espérons le) . Le bon parent est aussi (et surtout) celui qui essaie de comprendre ce que vit sa progéniture. Nous allons y revenir, mais d'ores et déjà, il n'est pas certain que l'émission ait amené les parents sur le terrain de la compréhension plus que sur celui de l'inquiétude.

Les peurs passent décidément très bien en télévision.
Elles font de l'audience.

Dans certaines chaumières de France, ça devait gémir ou grincer des dents pendant la diffusion de "Zone Interdite". Et ce, côté parents comme enfants.
Les premiers, du fait de l'alimentation en direct d'une angoisse, née de l'incompréhension d'un comportement "adolescent" (quoique les adolescents ne soient pas les seules catégories d'âge à revendiquer une spécialité, mais passons).
Les seconds, face au regard croissant d'angoisse et/ou (faites vos jeux !) de soupçon de leurs anciens. Face, aussi, à la réception du message diffusé à grande échelle. Ce soir là, "Zone Interdite" délivrait la sacro-sainte dépêche, celle d'une société médiatique pouvant se résumer au message suivant : « Jeunes, votre attitude ou votre choix implique peut-être que vous êtes en crise. Attention, car il y a là une forme de déviance pouvant déboucher sur le pire ». En somme, votre "spécialité" mérite traitement : qu'on s'intéresse à elle, qu'on la soumette au questionnement.
Qu'on la remette en cause, quelque part.

En l'occurrence, ce questionnement a-t-il été bien mené ? A-t-il même eu lieu ?
Aucune illusion à ce sujet ne nourrit les pensées guidant la rédaction de cet éditorial.

En matière de Metal extrême (ou de scènes dites "gothiques", pour aborder une autre appellation en vogue), le but du média de masse n'est plus (et depuis longtemps) de comprendre des phénomènes collectifs échappant à toute définition stable. La manière dont les grandes émissions de débat ou de talk show traitent le sujet aboutissent ainsi fréquemment ("fatalement", pourrait-on dire) à un jeu d'assimilations. Simultanément, elles créent – volontairement ou non – les conditions d'un rejet. C'est le revers d'une médaille : celle de la force de l'imagerie des scènes Dark, et ce dans toute leur multiplicité. On ne peut adopter un style de vie de ce genre là, et réclamer son acceptation par une société dont on conteste, par sa propre attitude, certains modèles, et ce partiellement ou en totalité.
Le phénomène de "rejet" est programmé, quelque part. C'est la récompense de toute défiance. A ce titre, et en passant, les acteurs des scènes underground devraient se méfier grandement de la tentation télévisuelle. La télévision est un pouvoir, elle absorbe tout. Et à son avantage, en général.

Les médias télévisuels les plus importants relaient-ils et entretiennent-ils consciemment ce phénomène de rejet des cultures minoritaires ? La question restera ici en suspens. Cela étant, il est une orientation non dite qui traverse le traitement télévisé des phénomènes underground par les programmes les plus générateurs d'audience. De manière fréquente, la fabrication des reportages dits "de sociétés", diffusés en première ou seconde partie de soirée, semble comme déserter le désir de comprendre, et ce au bénéfice de celui de montrer. Ce n'est pas exactement la même chose.
Le premier postulat impliquerait de partir d'une zone de neutralité en quelque sorte, pour mieux échafauder une méthodologie donnant une priorité à l'objectivation. Cette approche permettrait de favoriser une meilleure compréhension d'un phénomène (social ou autre), et ce en dehors de toute optique de jugement. Exercice pas simple s'il en est, et qui connaîtrait des débouchés sûrement intéressants, notamment dans la réflexion sur nos propres modèles de société. Le comportement individuel s'inscrit en effet dans un contexte social, il renvoie à la collectivité une réponse ou une alternative aux us et coutumes.

Anticipons.
N'importe quel producteur de grande émission pourrait taxer ce propos éditorial d' "élitiste". On lui répondrait volontiers "déontologie journalistique", ou devoir d' "in-formation" plutôt que de "dé-formation". Mais peu importe.
On ne remet pas un système en cause, surtout lorsqu'on fait partie de ce système et que l'on profite de lui pour accroître sa propre expansion. Dès lors, dans l'appréhension de tout phénomène de type "underground", il ne s'agit pas pour un média de masse de saisir ce que des comportements "minoritaires" ou "marginaux" renvoient à la société, ni de quelle manière ils remettent en cause ses fonctionnements. Il s'agit plutôt d'organiser un SPECTACLE. Ainsi sera-t-il souligné au grand monde scotché devant le petit écran, de préférence une singularité esthétique ou comportementale, soit un ersatz de choix profilés de manière alternative aux modèles communément admis. Il ne s'agit pas, la plupart du temps, de chercher à percer les causes de ces formes individualistes de revendication. Dès lors, une tentation se fait jour. Elle vise à renforcer (si cela était possible) un édifice culturel unifié par l'action des grands médias, financés par la publicité de ces grands groupes qui s'intéressent aux personnes physiques pour leur acte "de consommation" et non "de pensée". L'acte de pensée impliquant l'affirmation d'une singularité, quelle qu'elle soit, elle nous fait nous extirper du seul statut de consommateur. Dans cette mécanique-là ne se situe aucune garantie de survivance du système fondé sur l'acte de consommation. Du coup, sans que cela soit dit ou avoué, toute culture minoritaire représente une alternative, et devient un ennemi de ce système. Dès lors, la chasse est ouverte. Autrement dit : soyons plutôt "Star Ac" que "Darkwave" ou "Black Metal" (pour se cantonner à notre sujet). Parce que ce n'est pas dangereux. Parce que c'est "communément admis" et que cela correspond à un projet de société durable.

Balivernes. Il y a dans cette logique une forme de fascisme. La cause est pourtant perdue d'avance : on peut interdire une attitude, un vêtement, pas une inclinaison de pensée ou - pire - une forme de sensibilité.


Dernière édition par le Mer 29 Nov 2006 - 17:27, édité 1 fois
Revenir en haut Aller en bas
Ganelon
Baron, Baronne
Baron, Baronne
Ganelon


Nombre de messages : 457
Age : 41
Lieu d'origine : Montpellier
Date d'inscription : 29/09/2004

Ca fait peur.... Empty
MessageSujet: Re: Ca fait peur....   Ca fait peur.... Icon_m18Mer 29 Nov 2006 - 17:26

La "spécialité" pose réellement problème à certains acteurs prépondérants de la société de consommation. Dans le même sac, et à titre non limitatif : grandes chaînes de télévision, commerce et secteur publicitaire. Inutile de dire à quel point, dans ce contexte, le fait de jouer à quinze ans dans un groupe de Black Metal est susceptible d'éveiller l'intérêt d'une équipe de télévision chargée de tourner un documentaire pour "Zone Interdite". En l'occurrence, ce dimanche soir d'octobre 2006, les acteurs des scènes dark n'ont pas été déçus. L'essai a commencé par une introduction en forme d'entonnoir dramatique. La jeune présentatrice, certes sans en rajouter, énonce le postulat de base : "Comment bascule-t-on d'une attitude gothique à la fascination pour le Diable ?". Ou quelque chose du genre.
D'emblée, rassurons la, en tout respect, ainsi que tous les parents pouvant voir en le t-shirt bariolé de leur adolescent boutonneux le signe d'une accointance à quelque rituel païen impliquant poulet, couteau et pierre tombale. Si certaines accointances esthétiques existent entre scène(s) gothique(s) et Metal extrême (Death Metal / Black Metal, etc.), soulignons d'emblée que les passerelles entre les deux univers ne sont pas d'essence culturelle. Les jeunes gens (et moins jeunes) écoutant aujourd'hui du Black Metal ne sont pas tous d'ex-Goths (et loin de là), voire n'ont jamais adopté ce que la journaliste nomme assez mystérieusement l' "attitude gothique". Où commence-t-elle, où finit-elle, d'ailleurs, cette "attitude" là ? Une bague, deux bagues, trois piercings, quatre tonnes de mascara ? Desireless était-elle "gothique" ? Difficile de parler de manière carrée en trois mots et en télévision de ce qui ne se définit que mal. Les raccourcis offrent toutefois un angle pratique.
En l'occurrence, nous fûmes (une fois de plus) servis.

Et alors, le Chapitre IV a commencé. Un reportage avoisinant les vingt minutes (de mémoire là encore), et nourri des sempiternels clichés : fascination de la jeunesse pour la mort, promenades de jeunes dans les cimetières (mais pour le plaisir, et pour le calme hein !), rejet explicite exprimé par eux - de manière assez maladroite, fatalement - du Bien ou de tout ce qui s'y rapporte.
M6 a laissé une place de choix dans ce documentaire à certains acteurs connus pour leurs travaux critiques sur le milieu Metal, face à des témoignages d'adolescents sans réel verbe, peu capables d'expliquer autrement que par l'étalage de clichés (la Bible Satanique d'Anton LaVey, recours réflexe) le pourquoi du comment de leur démarche. En tout cas, c'est ce que le montage du reportage a laissé transparaître.
Parmi les acteurs de la frange critique sur le milieu Metal, nous avons retrouvé un habitué de l'exercice : le Père Benoît Domergue, au sujet duquel quelque incertitude demeure ici sur le niveau de neutralité, du moins en ce qui concerne les seuls référents et milieu Metal. Cette incertitude là découle de la lecture de l'ouvrage orienté et de fibre alarmiste "La musique extrême, un écho surgi des abîmes - Culture barock et Gothic flamboyant", édité aux éditions (très strictes et spirituelles) Francois-Xavier de Guibert, et dont le but avéré était de "révéler les implications en apparence innocentes d'une logique littéralement infernale" (Cf. la quatrième de couverture de l'ouvrage). Ouille. A priori, l'excès de maquillage a fait son petit effet sur Benoît.
L'abbé se voit ainsi accueilli, en tout début de reportage, dans une commune rurale nommée Etang sur Arroux (Bourgogne). L'église y accueille une prestation de M. Domergue : une conférence consacrée aux musiques Metal et au cœur de laquelle l'abbé souligne, à coups d'extraits de clips vidéos (Marilyn Manson, bien évidemment) et d'assertions diverses, les inquiétudes et peurs que génère l'apparition de ces jeunes vêtus de noir dans les villes. L'abbé attire ce soir là l'attention des personnes présentes sur les dangers que représenterait cette scène rock et ténébreuse. La jeunesse est en crise, il faut l'en sortir. Combat d'arrière-garde, sans doute, en tout cas vu d'ici. Certes, nous ne sommes pas des plus neutres mais l'histoire semble nous donner raison, et nous y faisons illico quelque référence : Black Sabbath a eu son public, et ses millions de fans ne sont pas devenus (à preuve du contraire) des tueurs en série. Au bout de trente ans de carrière, ça se saurait. Dès lors, peu de chance de voir les nouvelles hordes de jeunes en noir se transformer en de plus viles créatures que jadis leurs parents, lesquels supportèrent pourtant (pour certains) les actes fondateurs du Hard Rock : Cream, Judas Priest ou Iron Maiden, pour faire vite. Ou alors, peut-être qu'il est un phénomène d'essence magique et noire qui fait que, des années 70 à aujourd'hui, une mutation génétique soudaine, dictée par quelque pouvoir diabolique, ait noué son caprice au destin de la génération actuelle d'adolescents. Auquel cas nous proposons ici l'intervention de Mulder et Scully car en ce domaine, la vérité nous semble vraiment ailleurs. Brrrrrrrrrrrrr...


L'abbé Domergue pense alerter le public sur ce qu'il perçoit comme un danger. Nous le laisserons à ses peurs, sachant qu'il trouvera, fatalement, un public. Le fait de renforcer les a priori et autres inquiétudes n'est pas un exercice des plus compliqués, il s'appuie sur l'irrationnel, la méconnaissance. Il s'agit de créer une illusion. Cette dernière est d'autant plus aisée à générer par le discours lorsque le sujet paraît scabreux, que son esthétique joue sur le noir et qu'on a affaire à une population de type néophyte, population que les aspects ténébreux des scènes Metal interrogeront de manière d'autant plus aiguë que le propos sous-tendant l'exposé sera orienté dans le sens du négatif. Dans ce contexte précis, le public visé par le discours semble non averti, et le pouvoir du mot l'inclinera à voir très aisément dans le décorum du Metal une forme d'horreur et une tendance au morbide.
Tout le paradoxe est là. Là où les uns ne voient que ténèbres, les autres y trouvent un amusement, ou mieux, un refuge, un espace de liberté. Et la question est bien la suivante, au-delà de cet épisode supplémentaire de l'alimentation programmée des peurs : l'individu a-t-il à se justifier de ses goûts, de sa sensibilité ?
La réponse, en ce qui nous concerne, est claire : NON, parce que c'est IMPOSSIBLE. Faut-il rentrer dans des cases, et sacrifier sa propre sensibilité au dictat d'une forme de bien-pensance ? NON, parce que là encore, c'est IMPOSSIBLE. L'individu, par nature, nourrit sa propre spécialité. Nous aimons ce terme ci, il nous ramène à une quête de liberté et nous nous plaisons présentement à rappeler cette soif qui anime fréquemment les amateurs de musiques (ténébreuses, mais aussi autres) aux censeurs de tout poil.

Sous couvert de bonne moralité, certains individus créent autour d'eux une entreprise moralisatrice visant un suivisme. En l'occurrence, il s'agit de créer un phantasme collectif, de faire renaître des peurs ancestrales afin de faire taire un phénomène d'essence musicale. Le combat est assez petit, à vrai dire, et l'effet contraire à celui recherché se produit à terme. Les interventions du Père Benoît Domergue comme celles d'autres pourfendeurs de la « musique du Diable », ne font au final que renforcer le halo de mystère et le pouvoir d'attraction de ce qui n'est, finalement, qu'un dérivé lyrique et chargé visuellement d'une vieillerie : le Rock'N'Roll. Quelque part, c'est le jeu, mais nous ne pouvons nous empêcher d'y voir là la résurgence d'une forme d'archaïsme qui focalise plus sur les soi-disant « dangers » menaçant la jeunesse qu'elle ne parle de ses responsabilités propres dans d'épouvantables horreurs collectives. Heureusement, il nous reste l'apprentissage de la lecture et les livres d'histoire. Merci l'école.

Reste posée la question de la responsabilité du média. Le programme télévisé en tant que tel laisse parfois la parole et le champ libre à des personnes plus intéressantes pour leur personnalité que leur discours. Il y a eu dans le reportage de M6 une opération « spectacle » dans l'octroi de la parole à M. Domergue (pour ne parler que de lui), qui projette une interprétation de type dramatique sur un phénomène que cette personne n'a saisi que très imparfaitement. En définitive, nourri d'une foi dont on ne soupçonne pas la force et l'inébranlabilité, il exprime plus une peur ou un fantasme, qu'il ne fait œuvre de compréhension. Il semble être dans le rejet. A sa manière, il est très... Metal.

Que reste-t-il de tout cela ?
Derrière le genre Metal et sa persistance à traverser les quarante dernières années, il y a d'abord un phénomène collectif. Un véritable fait culturel qui s'est construit depuis la fin des années 60 (et la naissance du Hard Rock) sa propre iconographie, ses référents, son esthétique. Une forme de « religion », iront jusqu'à dire certains. Une adhésion de masse vis-à-vis de laquelle il s'agit aujourd'hui de se positionner.
Nous le faisons ici, dans un sens forcément différent de celui de l'abbé Domergue. L'adhésion émotionnelle à une forme artistique marginale telle que la musique Metal peut-elle supposer a priori la dangerosité d'un comportement individuel ? Non, ce que prouvent entre autres les réflexes tribaux d'une foule à un concert underground, antre dans laquelle les êtres humains expriment vis-à-vis de tous autres une forme de solidarité naturelle. Une compassion, une générosité que Le Père Domergue ne soupçonne peut-être pas. Quelque chose de très humain.

Si l'ensemble des jeunes gens écoutant aujourd'hui du Metal étaient des suicidaires programmés, le dépassement des services de morgue couplé à la magie de la statistique auraient certainement incliné (depuis au moins les premiers albums de Led Zeppelin, ce qui commence à dater) les pouvoirs publics à mettre en place des systèmes de prévention et de sanction spécifiquement adaptés à pareilles dérives sous-culturelles.
Si l'ensemble des jeunes gens écoutant aujourd'hui du Metal étaient des tueurs en puissance, nous aurions assisté depuis longtemps à des batailles de rues géantes dans tous les pays touchés par l'invasion de ce mouvement musical. Et ils sont légion, donnant à Benoît l'occasion d'un combat sans fin. Bonne chance. Or, rappelons ici quelques évidence, de nature à calmer les inquiétudes de tous poils : jusqu'à présent, le Metal a causé assez peu de décès (mais bien moins que le football, a priori ! Quelques violences constatées en concert lors de mouvements de foules ou à l'occasion de comportements individuels imprudents), là où le passif du religieux s'avère bien plus lourd ! Notamment si on garde présent à l'esprit le devoir d'inventaire : les livres d'Histoire, comptables des bénéfices engendrés en la matière par la Dame Blanche, se révèlent très parlants.

Sur le plan sociologique, il est aussi bon, à ce stade, de rappeler quelques constats. Les jeunes gens habillés en noir et portant tignasse à rallonge revendiquent une forme de liberté d'esprit, souvent dans le détachement plus que la défiance du religieux. Leur recours à des symboles antichrétiens n'est ni plus ni moins que le stigmate du refus (assumé) d'une autorité morale. Ces personnes ne sont pas déconnectées de la morale pour autant, ils se bricolent souvent une spiritualité déconnectée des impératifs d'Eglise : le rite, l'iconographie, font l'objet d'une réinvention. Les gourous officiels effraient ces jeunes gens, ils leur préfèrent un chanteur ou un guitariste charismatique. Et là, l'affaire devient problématique. C'est bien connu, l'Eglise n'aime pas qu'on la quitte. Cette recherche d'un espace de pensée souhaitant prendre ses distances vis-à-vis du religieux établi imprime fortement l'histoire actuelle de nos civilisations. Nous ne nous sentons plus obligés de croire en ce Dieu qu'on nous décrit. Surtout, que les religieux issus de l'Institution se rassurent : cela ne fait pas de nous des êtres dépourvus d'esprit ou d'amour. Fut un temps, la prise de distance vis-à-vis du religieux faisait l'objet de croisades et de massacres. Si cette période semble révolue, il est bon de rafraîchir certaines mémoires et de mettre en garde à notre tour contre les modes de pensée imposés. Pour notre part, nous construisons notre spiritualité dans le désir d'une autonomie. Pour tout dire, si nous ne croyons pas au Dieu qu'on nous décrit, nous ne pouvons pas non plus croire au Diable qu'il implique.

Dès lors, qui sait ? C'est peut-être ce détachement, ce questionnement du rôle de l'Eglise, qui interpelle l'abbé Domergue et le perturbe dans son système de valeurs. Relayé par le média télévisuel, les craintes de l'abbé auront touché (une fois de plus, et fondées ou non) le grand public. M6, ce dimanche d'octobre 2006, aura conforté le grand public dans ses craintes. Que des esprits faibles puissent s'égarer dans le Metal n'est pas en soi une découverte. Certains choisissent le Metal, d'autres le tuning. D'autres, encore, les camions ou les posters de jeunes files nues, d'autres le répertoire de Johnny Halliday. Pourtant, certains prescripteurs de bonne conduite tendent actuellement à entrouvrir la porte d'une récrimination plus ciblée, en fonction de ce qu'ils estiment constituer un risque ou une forme de perdition. La pente est glissante, dangereuse, d'autant plus lorsque les médias relaient à une heure de grande écoute ce genre de discours, fantasmagorique et de nature discriminatoire.

Maintenant, que va-t-il se passer ?
Pas de vol de sang au programme, pas de sacrifice. Rien.
La vie est belle, en fait.
Dans une demi-heure, je vais terminer l'écoute du dernier Mayhem, et j'enchaînerai derrière par le Requiem de Faure. Parce que dans les deux cas, je trouve cela beau. A vrai dire, cette liberté me rend heureux et je n'ai pas l'impression que, par l'un ou l'autre de ces choix, je représente un danger public. Parce que dans les deux cas, j'ai le sentiment, bien au contraire, de nourrir mon esprit et de grandir, de m'ouvrir au monde. Certains de mes choix passent ainsi, fatalement, par la musique.

Or, il est une chose que je crois à peu près certaine.
Personne ne fera ces choix pour moi.

Ni Benoît Domergue, ni M6.
Revenir en haut Aller en bas
Godefroy de Bouillon
Chevalier de la Confrérie
Chevalier de la Confrérie
Godefroy de Bouillon


Nombre de messages : 2423
Lieu d'origine : Pays de Brocéliande (35)
Date d'inscription : 21/07/2006

Ca fait peur.... Empty
MessageSujet: Re: Ca fait peur....   Ca fait peur.... Icon_m18Mer 29 Nov 2006 - 17:44

Bravo pour votre Post, Messire Ganelon....

NO COMMENT.....................
Revenir en haut Aller en bas
http://www.vampires.forum-box.com
Contenu sponsorisé





Ca fait peur.... Empty
MessageSujet: Re: Ca fait peur....   Ca fait peur.... Icon_m18

Revenir en haut Aller en bas
 
Ca fait peur....
Revenir en haut 
Page 1 sur 1
 Sujets similaires
-
» Vos pires craintes
» La peur des vampires au moyen-age
» Avis aux Roliste/modeliste : arme GN mousse/latex , ou autre
» Une blagounette
» Darioles de Cresme......

Permission de ce forum:Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum
Forum Médiéval Fantastique :: Autour du Donjon :: Les Douves :: Débats/Annonces-
Sauter vers: