Introduction:
J'ai choisi de vous faire parvenir mes notes de cours sur ce sujet car on connait généralement peu l'état des mondes musulmans dans lesquels se lancent les croisés. Il s'agit davantage d'un tour d'horizon politique davantage que socio culturel.
La croisade ne touche pas l’Iran, L’Iraq, la Syrie intérieur soit les centres de l’Islam. La présence franque reste donc marginale par rapport à la l’Islam. La Palestine n’était plus centre économique ni centre politique, et le mythe de la sainteté de Jérusalem va renaître avec Nur Al Din au milieu du XII.
- Redéfinition de l’idéologie de djihad, c’est sous Nur Al Din, après un demi-siècle d’inertie. Le djihad est assimilé à un processus de réunification de la Syrie. Ce n’est qu’une modalité du processus de recomposition politique du XII. Ce processus est plus profond, réaction du sunnisme par rapport au chiisme. Redressement, réaction doctrinale.
I/ L’inertie des pouvoirs orientaux (1095-1128) :
1/ La division interne de l’espace proche oriental :
- Cette division interne est d’abord religieuse. La renaissance de l’idée de djihad est liée à la lutte contre le chiisme. Grande offensive anti chiite, menée dès le VIIème par les Seldjoukides. A l’époque, les populations chiites appartenait au chiisme duodécimain (vénère une lignée de 12 imams). Ce mouvement restait assez diffus mais à Bagdad, en grande partie chiite processus d’épuration au cours du XII.
Les fatimides appartiennent à la deuxième branche du chiisme, l’ismaïlisme, il vénère une autre lignée d’imams. Active propagande, employant des politiques de propagande. Repose sur le culte du secret. Cette religion ne s’est diffusée qu’au sein des élites.
Au XII, deux sectes issues du dogme fatimides, les groupes des Druzes et qui vénère le calife Al-Hakim (mort en 1021) volonté de conversion des chrétiens.
- Les Druzes vont avoir une politique d’alliance avec les croisés.
- Ce ne sera pas le cas des Assassins, groupe virulent. Considère tous les groupes musulmans en dehors de leur secte comme infidèles, donc légitime l’attentat politique. Ce groupe s’est réfugié dans le nord de l’Iran dans la forteresse d’Alamut. Ont des missions dans le nord de la Syrie où ils ont des forteresses dont Masyaf.
- Les chrétiens d’orient étaient eux même très divisés. Eglise de Constantinople de Melkite, l’Eglise Jacobite en Syrie où on parle de langue Syriaque et les coptes d’Egypte. Les Nestoriens sont présents en Iraq et dans le nord de la Mésopotamie.
Ils voyaient avec méfiance les francs, chrétiens barbares défendant les chrétiens de Rome. Les seules églises orientales qui firent alliance avec les francs, furent l’église maronite et l’église arménienne. Ils furent les alliés principaux des francs dans la principauté d’Edesse et en Cilicie.
Proche Orient en 1095 : aux mains des turcs. Héritier du sultanat Seldjoukide. Les atabegs (les tuteurs des Seldjoukide) profitent pour se mettre en place Zenguide
Bouride à Damas, alliance avec les latins pour se battre contre les Zenguides. Paye tribut aux latins.
2/ Le « ventre mou » fatimide :
Ils ne réagissent pas à la conquête de la côte syro-palestinienne. Perte du Maghreb, et de la Sicile. Moins de rentrée monétaire, moins de contingent militaire. Ils n’ont plus les contingents Berbères, car perte de l’Ifrikia (Tunisie actuelle). Font appel à des mercenaires, africains du Soudan, arabes de la péninsule, des arméniens. Les arméniens ont une place importante : ex de l’arménien Badr Al Djamali ( mort en 1093). Plusieurs milliers de mercenaires, donc poids politique. Califat fatimide réduit à l’impuissance. Affrontement entre ethnies mercenaires pour détenir le vizirat. 1164-1169 : guerre civile qui se surajoute à un déclin économique. Déchirement de l’empire fatimide. Il est donc offert au plus ambitieux.
3/ Le sultanat des Seldjoukides de Roum :
Force militaire vide car ils sont nomades. Ils fondent une capitale en Anatolie, Konya. Politique où les Seldjoukides de Roum tentent de freiner la première croisade en 1097, le sultan de Roum Kilidj Arslan est défait. Il s’interpose entre Byzance et la Syrie. Dès lors les Seldjoukides vont jouer une politique de status quo, de modus vivendi, ils ne cherchent pas l’affrontement direct.
II/ Les Zenguides et la lutte contre les Croisés 1128-1174 :
1/ une tentative de réunification de la Syrie
Princes turcs, tuteurs des Seldjoukides. Les Atabegs. C’est donc avant tout des chefs militaires. Syrie = urbanisé mais militaires nomades. Zengui est un de ces chefs turcs s’étant fait une fortune par les armes. Il joue d’abord le rôle de gouverneur d’Alep et de Mosoul à partir de 1125.
En 1128, il prend seul le pouvoir à Alep et Mosoul (Nord Mésopotamie, centre pour la dynastie Zenguides). Il prête allégeance aux seldjoukides de Bagdad, et au Calife. Sunnites et seul califat sunnite.
Toute la politique Zenguide consiste à prendre Damas. Prise de la principauté d’Edesse en 1144 donne à Zengui des moyens militaires supplémentaires et lui donnent une dimension qui est tout autre. Il reçoit les remerciements du Calife de Bagdad. Mais cela ne correspond pas à une politique planifiée. C’est plus un coup de chance, de la stratégie temporaire d’un chef militaire que d’une politique planifiée. Ce n’est donc pas un des meneurs du Djihad, pas de contenu religieux.
- Tribus Turcs et Kurdes font sa force. Il les rallie grâce à un système de concession de riches domaines avec le système de l’iqta : remise de terres aux chefs militaires en échange de service.
1146 : il meurt et est remplacé par Nur Al Din. Problèmes de succession. Transmission du pouvoir aux fils, sans droit d’ainesse mais NAD s’impose face aux autres.
1145 : il sait faire face à la seconde croisade qui vise Edesse. Echec total pour les croisés, contre Edesse, contre Alep. Les croisés se rabattent alors en 1148 sur Damas, assiégés pendant plusieurs mois.
Le siège de Damas révèle l’incapacité militaire des chefs Bourides de Damas. Coalisation des oulémas, des grands marchands, des notables. Les élites urbaines se rallient à Nur al Din sans qu’il ait besoin de conquérir de force la ville.
1154 : prise de Damas par Nur Al Din. Emergence des grands pouvoirs urbains.
Oulémas : élites savantes, juristes, hommes de religions…
Cette prise donne les moyens d’une politique ambitieuse à Nur Al Din qui soumet alors toute la Syrie, qui se rallie à la tutelle de Nur Al Din. A partir de la conquête de la Syrie, NAD va chercher un modus vivendi avec les croisés. Il établit alors des trêves avec les croisés.
Si Nur Al Din négocie avec les croisés c’est qu’il s’oriente vers l’Egypte, projet ambitieux. En 1160 elle est déchirée et plusieurs pouvoirs veulent le pouvoir.
Course entre Nur al Din, qui veut cette province riche, puissante et nombreuse, permettant d’encercler les croisades ; et le roi de Jérusalem : Amaury de Jérusalem qui va intervenir dans les affaires des croisés. Gênois et Pisans poussent Amaury à intervenir en Egypte.
Le vizir fatimide fait d’abord appel à Nur Al Din.
En 1164, contingent zenguide dirigé par Shirkuh pour tenter de rétablir le vizir disgracié. Appel au roi de Jérusalem pour repousser les troupes de Nur Al Din.
1167 : intervention des troupes croisés qui repoussent les troupes syriennes et tentent de prendre l’Egypte.
1168 : Amaury assiège Le Caire. Ce siège du Caire suscite d’importantes destructions. Le noyau urbain sud du Caire, Fustat, est livré aux flammes tandis que l’autre combat les croisés. Le Caire composé de plusieurs villes.
Ville ravagée, résistance de la population et du Calife qui fait de nouveau appel à Nur Al Din,
1169 : les troupes de Shirkuh s’impose. Avec cette victoire s’installe les Zenguides en Egypte avec Shirkuh comme vizir. Après sa mort rapide en 1169 c’est son neveu Saladin qui devient vizir. Egypte toujours Ismaïlite chiite. Mais le vizir est sunnite et au service de Nur Al Din. Chiite considéré comme hérétique. Donc mise en place d’un contre pouvoir.
1169 1174 (Mort de Nur al Din) préparation du renversement du pouvoir. Structures du pouvoirs détenus par les fatimides.
2/ Nur Al Din, l’incarnation d’un « souverain juste » :
L’importance de Nur Al Din c’est que l’on passe d’un pouvoir militaire à un pouvoir auréolé d’une fonction religieuse. Souverain investi d’une dimension religieuse. Nur Al Din, emploie des poètes panégyristes qui multiplient les louanges, des chroniqueurs et des prédicateurs (homme de religion) qui prennent de la puissance sous Nur Al Din.
NAD noue une alliance avec les milieux religieux des villes de Syrie. Les oulémas jouent un rôle fondamental dans l’administration et l’armée. Encadrement religieux des troupes, à l’image de l’alliance avec les milieux religieux.
Active constructions d’édifice religieux. Construction de 42 écoles coraniques. (Madrasa) dans toutes les grandes villes de Syrie. Elles ont aussi pour but de lutter contre le chiisme. Il est interdit dans toutes les villes, notamment à Alep où résidait une importante communauté. Il bâtit également une maison de la justice où il écoute les plaintes de ses sujets.
L’idéal du souverain se gorge d’un idéal de justice. Maison du hadith, hôpital. Image d’un souverain généreux, qui protège et accueille la population, constructeur.
C’est aussi le premier à revivifier l’idéal de Djihad, inscrit dans le Coran, et qui ne se pratiquait plus. Il insiste sur le lien intrinsèque entre chef du djihad et souverain. Le Djihad est avant tout un effort personnel, c’est un combat sacré qui implique que l’on soit pur. Il insiste sur les jeûnes, il se bâtit l’image d’un souverain ascète, pieux.
Le djihad s’oriente vers les croisés. Cette orientation implique aussi que la terre sainte acquiert un statut à part. Le djihad place au centre de la conception du sacré la ville sainte de Jérusalem, ville à laquelle il aspire.
A partir de 1150, il veut acquérir Jérusalem. En 1168, il fait construire un minbar, une chaire là où l’imam monte pour s’adresser aux fidèles. C’est pour l’installer à la mosquée Al-Aqsa.
Nur Al Din considéré comme le combattant du Djihad sur le chemin de Dieu, celui qui rend justice aux opprimés.
III/ La reconquête musulmane sous Saladin (1174-1193)
1/ La formation de l’empire ayyoubide
Saladin hérite de Shirkuh et de Nur Al Din. 1168-1171 : préparation par Saladin de la chute du Califat fatimide. Saladin s’oriente avant tout aux affaires égyptiennes. La politique de Saladin tente de placer ses proches dans les sphères dirigeantes.
1169 : la garde noire du Calife se révolte contre Saladin, rejoint par les archers arméniens. Soulèvement militaire contre Saladin au Caire. Les troupes noires s’affrontent dans la ville. Saladin se méfiera du Caire . 1171 il fait bâtir une importante citadelle à l’Est du Caire. Cette révolte est réprimée dans le sang.
Cependant l’autre adversaire de Saladin c’est le palais fatimide.
Nouvel appel aux croisés, ils assiègent le port de Damiette. Saladin tente d’éliminer ses adversaires. Pour abolir le chiisme il attend 1171 à la mort du Calife. Il rétablit alors la prière publique au nom du sunnisme, interdiction de la confession chiite, on dit alors la prière au nom du Calife sunnite de Bagdad.
Cela donne de l’éclat à Saladin. Il est vu comme le défenseur du Sunnisme.
- Dogme fatimide ne concernait que l’élite
- Soutient de la population et surtout des oulémas qui étaient restés sunnites.
1171-1174 : habile jeu de Saladin pour ne pas intervenir en Syrie. Veut être en lien avec Nur Al Din mais en étant plus indépendant.
1174 : mort de Nur Al Din, évite le conflit.
1174-1183 : pas de djihad contre les croisés, au contraire, conquête militaire de la Syrie, soit les territoires de Nur Al Din. Il tente pourtant de se faire passer comme l’héritier de Nur Al Din. Active politique de correspondances.
1183 : prise d’Alep finalise la conquête de la Syrie, la dynastie Zenguide survie mais seulement à Mosoul.
Le premier conflit avec les latins est en 1183, il s’agit d’une confrontation avec le seigneur de Kerak, Renaud de Châtillon, seigneur à l’Est du Jourdain. Il se livre au pillage et au rançonnage. La forteresse de Kerak permet le contrôle des routes entre Egypte et Syrie. Il place une flottille dans la mer Rouge et la lance jusqu’à l’Hijaz pour piller la Mecque. Saladin assiège sans succès Kerak car l’expédition contre la Mecque est inacceptable. Saladin = gardien des lieux saints.
La bataille décisive des croisés en 1187, de Hattin. Prise de la forteresse de Kawkab et du château de Saône.
La guerre permet de fidéliser les princes syriens et les mercenaires. De plus le succès militaire de Saladin doit être nuancé. Il éprouve de fortes difficultés contre la 4eme croisade.
1191 reprise de St Jean d’Acre, grand port, par Richard Cœur De Lion et à Arsuf qui contrebalance la victoire de Hattin.
- Trêves renouvelés avec les croisées. Ses successeurs ne seront pas dans cette lignée. Cette expansion militaire retombera.
2. Le djihad, clef de voûte du pouvoir :
Prise de Jérusalem symbolise le djihad. Prédicateurs publiques encensent la sainteté de Jérusalem. Il rentre dans Jérusalem le jour de la naissance du prophète et de fait les chroniqueurs de Saladin compare la prise de Jérusalem à l’Hégire, il est donc le réunificateur de l’Islam. Large production littéraires
La prise de Jérusalem s’accompagne d’une purification, exil des francs, ou réduits en esclavage.
La mosquée Al aqsa, son mihrab est redécouvert symboliquement.
Sur les monnaies apparaît l’étoile à 6 branches de David, symbolise l’importance pour son règne.
[b]
Accueil 
Portail 
Rechercher 
S'enregistrer 
Musique 
Connexion 
Dim 20 Jan 2008 - 9:52
