Le loup symbole de vaillance ou de repentir
L’Eglise, au Moyen Age, avait fait du loup le compagnon du Diable. Les traités de vénerie parlait d’un « beste noire » à classer parmi les « nuisibles ». Le Roman de Renard au XIIème siècle, lui, campait un Ysengrin balourd et stupide.
Pourtant en France, plus de 1200 familles ont porté des armoiries voire des devises « au loup ».
Au XVème siècle, Antoine de Ligne, prince de Mortagne, fonda dans le Hainaut l’ordre de chevalerie du Loup pour « manger le loup de Bourgogne ».
Le loup était là un symbole de vaillance, de force et de hardiesse. Cette image était née de l’observation du loup en chasse.
Déjà, pendant l’Antiquité, les Romains l’avaient adopté pour cette raison comme l’un des emblèmes de leurs légions.
Le 16 août 1513, dit-on, le comte d’Artois était accompagné d’un véritable loup dressé qui combattit pour lui à la bataille des Eperons.
Même le monde chrétien trouva des qualités au sauvage animal. Dans de nombreuses légendes agiographiques, le loup incarnait le repentir. En effet, certains Saints avaient le pouvoir de transformer leur férocité en piété.
Dès le Vème siècle, en Normandie, Saint Loup lui passa une étole autour du cou. Un siècle plus tard, Sainte Austreberthe le fera remplacé en sa tâche l’âne qu’il avait dévoré. Au côté de plusieurs saints, le loup remplira les fonctions les plus diverses : chien d’aveugle, transporteur de pierre, bœuf de labour, gardien de troupeau.
Dans la littérature profane du Moyen Age, les auteurs feront régulièrement référence aux « garoués », des hommes métamorphosés en loups. Cet homme emprisonné dans son corps de loup continuait à ressentir des sentiments humains qu’il ne pouvait, cependant, plus exprimer par la parole.
Quand un homme le prenait en affection, bien souvent un chevalier ou sa dame, le garoué s’attachait à son protecteur dont il ne séparait plus. on en trouve mention par exemple dans le Cycle Arthurien auprès du Roi Arthur.
On est bien loin alors de l’image du monstre démoniaque. Même si les hommes le craignaient pour sa force, son endurance ou son intelligence, ils ne pouvaient s’empêcher de le respecter et de l’admirer pour les mêmes raisons.
Malheureusement, à la Renaissance, c’est la peur qui prît le dessus et les massacres de loups à travers le pays jusqu’à la fin du XIXe siècle entraîneront la disparition de cet animal mythique dans notre pays.
Quand on écoute les controverses sur son retour dans certaines de nos montagnes, on peut se demander si, comme il y a cinq cents ans, les peurs inconscientes ne prennent pas le pas sur notre raison.
http://www.haut-koenigsbourg.net/loups/documents/moyena3.htm